promesse de frapper une monnaie commune, de s’entr’aider en cas d’attaque et d’organiser un conseil d’arbitrage, sanctionnait cette déclaration ; et le Hainaut, la Hollande, alors unis sous la même dynastie comtale, entraient à leur tour dans ce pacte, où s’esquissait fugitivement une sorte d’entente belge pour une politique internationale.
En dehors même de ces circonstances exceptionnelles où la voix d’un dictateur traduisait ainsi les aspirations profondes, il y avait un peu partout, pour le « sens du pays, » — comme l’on disait, — des moyens réguliers de prendre conscience de lui-même et de se faire écouter. De par la charte de Cortenberg, qu’en 1312 le duc de Brabant accordait à ses sujets, un conseil à vie de quatorze personnes, recrutées parmi la noblesse et les villes, veillait à l’observation des coutumes ; et si le duc les enfreignait, le « pays, » par une sorte de grève politique, pouvait lui refuser ses services, et tout d’abord celui de l’impôt. De par la paix de Fexhe, que les Liégeois en 1316 conquirent sur leur évêque, il fut décidé que le « sens du pays » devrait dans l’avenir statuer sur les lois et coutumes, et « amender celles qui se trouveraient trop larges ou trop étroites ; » et, dans cette cité épiscopale, le « sens du pays » devait garder d’âge en âge une si intacte vitalité, qu’une voix compétente, celle de Mirabeau, dira plus tard aux Liégeois : « Nous ne faisons en France une révolution que pour conquérir la moitié de vos droits. »
Ainsi aiguisé, ainsi armé, le « sens du pays » devenait, spontanément, le garant de l’intégrité territoriale, lorsque le hasard des successions féodales faisait tomber le « pays » lui-même en mains étrangères. Dès que les Brabançons sentirent prochain l’avènement de Wenceslas de Luxembourg, gendre de leur duc Jean III, on les vit, du vivant même du bon duc, faire leurs conditions : toutes leurs bonnes villes décidèrent de s’opposer à tout démembrement du duché ; elles stipulèrent que le futur souverain ne pourrait conclure d’alliance, et guerroyer, et frapper monnaie, que d’accord avec le « sens du pays, » et qu’il devrait prêter à ce sujet, solennellement, un serment de « Joyeuse entrée. »
C’étaient des puissances que les bonnes villes, en Flandre surtout. « Là plus tôt qu’ailleurs, a-t-on pu écrire, le sentiment du bien-être et l’esprit d’indépendance qu’inspire la