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faudrait les multiplier singulièrement en y ajoutant tous les cas correspondant aux enfans, aux vieillards et même aux adultes), la maladie a eu pour cause unique le refroidissement. Je n’insiste pas sur les commentaires édifians qu’on en peut tirer, et je me propose maintenant revenant au « Kanon » lui-même, d’examiner quelques remarques et conjectures nouvelles, et aussi quelques faits relatifs à son tir, à sa balistique extérieure et aux moyens par lesquels on l’a finalement repéré, puis utilement contrebattu. Quand on dit le Kanon, il s’agit d’ailleurs d’un terme générique, car il est aujourd’hui prouvé que plusieurs pièces ont, au total, tiré vers Paris.

A propos de la regrettable indiscrétion relative au procédé du Russe Chilowski, — et que j’ai déplorée dans ma dernière chronique, — à propos aussi des rayures extérieures des obus lancés sur Paris, vieille idée française, on a fait ces temps-ci beaucoup de commentaires sur l’organisation de notre service des Inventions et celle de la Censure. On me permettra, — esclave du sérail, j’en connais les détours, — de tenter ici une très brève mise au point qui fait plus que toucher notre sujet, car elle en fait partie intégrante.

En ce qui concerne le ministère des Inventions, devenu aujourd’hui la direction des Inventions, études et expériences techniques, l’équité oblige à reconnaître qu’il n’est pour rien dans le fait que les Allemands ont dans Paris un objectif, — non militaire, — d’une étendue suffisante pour pouvoir tirer sur lui à 120 kilomètres de distance, tandis que nous n’en avons point d’analogue en face de nous. L’existence même et la mise au point du procédé Chilowski, — si malencontreusement dévoilées à nos ennemis par une indiscrétion criminelle, — prouvent l’activité, dans le domaine du tir à longue portée militaire, de la direction des Inventions où ce procédé a été apporté et mis au point.

Il faut convenir aussi que, — en dépit de certaines résistances et de certains préjugés assez difficiles à contrebattre, — la mentalité de ceux qui ont la charge d’examiner les propositions des inventeurs a beaucoup changé depuis la fin de 1914, depuis cette époque où, partant de cette conception honorable, mais fausse, que tout était prêt, une haute personnalité pouvait s’écrier : « Ils sont assommans, ces gens du front avec leurs inventions ; qu’ils se servent donc de ce qu’ils ont ! »

Aujourd’hui, dans la limite où les choses humaines sont exemptes d’une erreur accidentelle, et grâce pour beaucoup à l’impulsion vigoureuse de M. J.-L. Breton, cet état d’esprit a disparu et fait place