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lune. De même chaque autre planète exerçait son influence sur un desélémens, sur une des qualités de la matière. N’était-il pas évident aussi que le soleil gouvernait directement toute la physique terrestre ? Si les anciens avaient connu nos idées sur le rôle des taches solaires en météorologie, sur les propagations électro-magnétiques, sur les rayons X, sur les attractions qui relient entre eux par une chaîne continue toutes les masses matérielles de l’Univers, ils en auraient tiré des argumens convaincans en faveur de leur doctrine. Peut-être auraient ils été un moment gênés de découvrir que les astres ont eux aussi leur naissance et leur mort. Mais ils auraient vite passé outre en admettant que des parcelles d’élémens inférieurs se sont égarées dans les espaces célestes.

Observons, à ce propos, que, si la théorie astrologique est évidemment fausse pour un esprit moderne, elle n’est pas absurde. Elle ne l’est pas même dans la conclusion qu’en tirèrent vite les alchimistes : c’est que le succès de leurs opérations dépendait de la disposition du ciel. Là encore, des faits d’observation, découverts longtemps après, auraient pu les encourager. Pourquoi, puisque nous nous mettons à l’abri des courans telluriques, des ondes hertziennes ou des émanations radioactives pour certaines expériences, ne faudrait-il pas aussi se protéger contre des radiations astrales ? Sommes-nous tellement certains que, dans les diverses énergies envisagées pour notre conception de l’équilibre chimique, il ne faille faire aucune place minime à une énergie émanée de telle ou telle planète et variant, par conséquent, avec la position de celle-ci dans le ciel ?…

Nous allons revenir tout à l’heure sur cette question chimique ; mais il faut auparavant envisager des problèmes beaucoup plus graves que posait l’astrologie et où la religion allait se trouver mise en cause : comment des astres bons pouvaient-ils être la cause du mal ? Comment, les événemens étant déterminés d’avance, pouvons-nous garder notre libre arbitre ?… À la première objection on répondait que l’essence divine se corrompait en se mélangeant sur la terre avec des élémens inférieurs. Quant à la seconde, elle n’est pas propre à l’astrologie, et il est admirable de voir avec quelle inconséquence l’homme a de tout temps prétendu connaître l’avenir en espérant l’éviter. Qu’il se soit agi des oracles antiques ou des