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C’est, à mon avis, en que vous n’avez pas encore pénétré. Peut-être même a-t-on le droit de vous reprocher d’avoir tout admis, sans trop de réflexion, sans consulter ceux qui pouvaient le mieux vous informer.

« Tout à vous cependant et sans rancune[1].

« F. Buloz. »


Cette lettre demeura sans réponse pendant un mois. Enfin, le 5 mars, P. de Musset écrivit à F. Buloz celle qu’on va lire. Sur l’enveloppe qui la contient le directeur de la Revue a écrit que : cette « singulière réponse » était motivée par une phrase de l’article Montégut, sur A. de Vigny[2]. »

P. de Musset ne fait aucune allusion cependant à cet article, mais F. Buloz veut sans doute noter que la mauvaise humeur de Paul était due aux similitudes que remarquait E. Montégut entre certaines poésies de Musset, et certaines œuvres d’A. de Vigny : « Alfred de Musset l’avait beaucoup lu (A. de Vigny) et le tenait évidemment en grande estime, car sans en trop rien dire, il lui a fait plus d’un emprunt. Avez-vous remarqué, par exemple, que cette charmante pièce intitulée Idylle, où deux amis célèbrent alternativement l’un les extases de l’amour respectueux, l’autre les ivresses de l’amour sensuel, n’est qu’une transformation du petit poème d’A. de Vigny, la Dryade et que Dolorida est l’origine de Don Paez ? etc.[3] »

Voici la réponse tardive et… mécontente de Paul de Musset :


« 3 mars 1867.

« Mon cher Monsieur,

« J’ai reçu ce matin la visite de M. Louis Buloz, qui m’a fait part de l’intention que vous avez de demander à M. Emile Montégut un article pour la Revue des Deux Mondes sur l’édition in-4o des œuvres de mon frère, et sur la Notice et les lettres familières insérées dans cette édition. A ce propos, j’ai relu, après le départ de M. votre fils, la lettre que vous m’avez écrite le 1er février, pour me signaler ce que vous appelez des inexactitudes. Vous vous trompez de mot : il n’y a rien d’inexact dans ma Notice ; il n’y a que des choses incomplètes ; mais quand je ne donne pas de détails, c’est qu’il ne me convient pas d’en

  1. Inédite.
  2. Voir la Revue du 1er mars 1867, Emile Montégut, Le Journal d’un poète.
  3.  ?