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étendue du Nord au Sud, de Frégicourt (1 kilomètre à l’Est de Combles) jusqu’à la Somme et, jalonnée par la ferme le Priez, le mamelon de la ferme de l’Hôpital et le bois Marrières. Cette position était formée de deux lignes de tranchées, à 200 ou 300 mètres l’une de l’autre. La première ligne avait des abris de mitrailleuses protégés et des abris profonds pour l’infanterie. La seconde n’avait que fort peu d’abris. Les deux lignes étaient, naturellement, reliées par des boyaux. A 60 mètres devant la première s’étendaient deux réseaux successifs de fils de fer, chacun de ces réseaux étant épais de 5 à 6 mètres. Telle était la première position ; la seconde était établie à deux kilomètres environ en arrière, le long de la route de Bapaume à Péronne. Elle appuyait sa droite (Nord) à Rancourt, son centre à Bouchavesnes, sa gauche à Feuillancourt et au canal du Nord. Elle se composait d’une seule tranchée continue, avec un petit nombre d’abris et d’emplacemens de mitrailleuses, et précédée d’un seul réseau épais de 4 à 5 mètres.

On sait avec quelle rapidité foudroyante, au point où la tactique est aujourd’hui parvenue, un assaut se déclenche, l’infanterie partant derrière les éclats de sa propre artillerie. La tranchée des Berlingots fut enlevée en une demi-heure. De là, la gauche de l’attaque se porta en avant sur la cote 145, l’enleva et, poussant jusqu’à la seconde position, vint border la route de Péronne à Bapaume entre Rancourt et Bouchavesnes. La droite, partie des hauteurs Nord-Est de Cléry, enleva la crête suivante et se trouva sur le revers Est, le long de la vallée de la Tortille, dernier fossé qui couvre le mont Saint-Quentin, principal bastion de Péronne.

A la limite commune des deux secteurs, juste au centre de l’action, se trouvait sur la seconde position le village de Bouchavesnes. Il n’était pas dans les objectifs du 12. Il fut néanmoins attaqué à six heures trente. Trente-cinq minutes plus tard, nos troupes annonçaient par des feux de Bengale leur arrivée au centre du village ; à huit heures du soir, Bouchavesnes était entièrement pris. Il y eut un moment d’émotion, quand cette nouvelle parvint au Quartier Général de l’Armée. Il n’y avait plus devant les vainqueurs qu’une seule tranchée allemande ; au-delà, c’était l’espace libre. On décida d’attaquer le lendemain matin.