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d’artillerie qui dura toute la matinée, l’infanterie attaqua à trois heures de l’après-midi. Le principal effort se porta d’une part sur l’angle Nord-Ouest du village, et d’autre part sur le débouché Sud, où se trouve le cimetière. La tentative faillit réussir. Par le Nord, les Français pénétrèrent dans le village : par le Sud, ils le débordèrent en atteignant la route de Villers-Carbonnel. Mais une contre-attaque allemande, après un corps à corps d’une demi-heure, les repoussa.

Le 10 juillet, après un feu violent, nouvelle attaque française, trois fois répétée, à deux heures de l’après-midi. Le 11, combat à l’angle Nord-Ouest du village, où les lignes se touchent et où les Français ont pénétré dans une ancienne tranchée allemande qui court vers le Nord. Le 12, le 13, le 16, nouvelles tentatives, préparées ou commencées. Enfin le 20, dès l’aube, le feu d’artillerie s’accroît. À huit heures du matin, il tonne en ouragan, et s’aggrave d’obus à gaz. À huit heures quarante, l’assaut se déclenche. Les baïonnettes des noirs étincellent à 80 mètres des tranchées allemandes, mais les feux rasans de l’infanterie allemande arrêtent l’adversaire. Cependant par l’angle Nord-Ouest, les Soudanais ont réussi à pénétrer dans le village et on se bat corps à corps. Ils sont repoussés ; mais quelques-uns ont réussi à se maintenir dans les ruines. Les jours suivant, ils s’y tiennent cachés ; mais, chaque nuit, ils sortent et tirent sur les Allemands qu’ils rencontrent. Max Osborn rencontra le 3 août un de ces noirs qui venait seulement d’être pris. Il était resté treize jours dans une cave, vivant de pain et de sardines, et s’abreuvant à une citerne.

L’extrême droite française fut plus heureuse et s’empara, entre Soyécourt et Lihons, d’un bois de 800 mètres sur 600, nommé le bois Eroste. Quant à l’armée britannique, qui engagea cette fois encore de la cavalerie près du bois des Foureaux, elle réussit à y pénétrer. Mais, le 23, une attaque générale ayant eu lieu sur tout le front de Pozières à Guillemont, la 4e armée trouva devant elle l’ennemi en force sur toute la ligne, couvert par des postes avancés et des mitrailleuses dans des trous d’obus. Il était évident que l’armée allemande était remise de son échec du 14, et qu’il fallait recommencer une longue et minutieuse préparation.

Après ces affaires du 20 et du 23, un calme relatif s’établit sur tout le front, sauf à la gauche, où les Australiens de l’armée