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Elle représentait ainsi une équerre avec une face tournée au Nord, Ovillers-Longueval, et une face tournée à l’Est, Longueval — ferme Maltz Horn. De plus, des alliés avaient des postes en avant de la face Est, à l’Arrow Head Copse et à la ferme de Waterlot ; en avant du sommet de l’équerre, dans le bois Delville ; et enfin en avant de la face Nord, vers le bois des Foureaux.

« Si désireux que je fusse de poursuivre rapidement les succès atteints, écrit sir Douglas Haig, il était d’abord nécessaire d’élargir ce front. » En effet, il était flanqué des deux côtés par de très fortes positions ennemies. A l’Ouest, c’était le groupe de Pozières et de Thiepval ; mais ce groupe serait tourné automatiquement par une avance du centre anglais vers l’Est, et, pour le moment, il suffisait d’y maintenir une pression méthodique et d’y réaliser un progrès pas à pas. Il n’en allait pas de même à la droite, sur la pointe d’équerre de Longueval. Sir Douglas Haig rappelle en termes excellens l’inconvénient de ces saillans, étroit espace où devaient s’entasser les communications, les batteries, les munitions tant anglaises que françaises, tandis que les Allemands avaient toute la place de développer autour de lui des feux en demi-cercle. De plus l’ennemi, occupant les crêtes, avait, de Guillemont au bois des Foureaux, des vues directes sur nos alliés. Il était donc nécessaire que la droite britannique, au lieu de rester repliée en potence, se portât en avant pour se mettre à la hauteur du centre. Pour cela, il fallait emporter d’abord Guillemont, la ferme de Falfemont et le bois de Leuze, — et ensuite une seconde ligne formée par Ginchy et le bois des Bouleaux. La difficulté de déloger l’ennemi de ces lignes puissamment fortifiées fut encore augmentée par le mauvais temps. Le pays ondulé ne permet, dans beaucoup de cas, d’observer le tir que par avions, et les Alliés avaient, dès le début de la bataille, pris dans l’air une supériorité décidée sur l’adversaire. Mais cette observation veut un temps clair ; or, la chute de pluie, en juillet et en août, a été supérieure à la moyenne et, même quand il ne pleuvait £as, le temps était couvert.

La droite britannique et la gauche française se touchaient sur une ligne qui partait de la ferme Maltz Horn et qui venait aboutir à mi-chemin entre Morval (objectif anglais) et Sailly-Saillisel (objectif français). Il est évident que les opérations des