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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les Allemands sont ponctuels. Ils avaient annoncé « une grande offensive de printemps. » C’est précisément le premier jour du printemps, presque à sa première heure, le 21 mars, vers 9 heures 45 du matin, qu’ils l’ont, comme on dit, « déclenchée » avec toute la violence dont ils sont capables, et nous savons de quelle violence ils sont capables, en tout genre. Une pareille affaire ne se monte pas sans qu’il y en ait des signes. Les signes, en ce cas, étaient si évidens, si peu équivoques, et d’ailleurs si parfaitement impossibles à supprimer que non seulement le fait, mais le lieu et la force de l’attaque out pu être d’avance exactement connus. « Il semble, imprimait, le 19, un journal de Bologne, Il Resta del Carlino, que les Allemands veuillent se maintenir sur la défensive en Flandre, tandis qu’entre la Scarpe et l’Oise, les préparatifs laissent croire que le secteur qu’ils ont choisi sera ‘probablement celui-ci. Entre la Scarpe et l’Oise, il y aurait une quarantaine de divisions alignées d’une façon spéciale et flanquées de « bataillons d’assaut, » dans la proportion d’environ un par brigade. »

« Entre la Scarpe et l’Oise : » tels furent d’abord, à la lettre, les termes des communiqués, qui, ensuite, restreignirent un peu : « entre la Sensée et l’Oise. » Mais, le 21, au matin, l’attaque a lieu contre le front britannique à l’Ouest et au Sud-Ouest de Cambrai. La presse anglaise, — et à combien plus forte raison, le commandement, — ne se trompe pas un instant sur son caractère : « Elle paraît être le commencement de la grande offensive allemande, » écrit la Morning Post du 22, qui ne se méprend pas non plus sur son objet, au moins immédiat. « A en juger par la direction des vagues d’infanterie qui ont été lancées pendant la matinée et le début de l’après-midi, elle semble avoir pour but d’enfermer comme dans une tenaille la partie