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LES MASQUES ET LES VISAGES




UNE VIOLATION DE NEUTRALITÉ AU XVIE SIÈCLE


CÉSAR BORGIA À URBINO




II[1]


L’OCCUPATION






C’était bien coupé : il fallait maintenant coudre. César s’y employa sans tarder. On a pu dire de lui avec raison : « À peine une ville prise, il légifère, il organise, répare les brèches, assure la défense et la conservation comme si la conquête était définitive. Imola, Forli, Cesena prises, il appelle Léonard de Vinci pour assurer le service des Eaux, réparer les forteresses, élever des monumens. Il fonde des Monts-de-piété, institue des Cours de Justice, et fait œuvre de civilisation. » C’était vrai presque partout. À Urbino, il n’y avait rien à faire : nul État en Italie n’était aussi sagement ordonné que ce petit duché. Mais il y avait beaucoup à prendre, notamment dans le palais. La bibliothèque d’Urbino était célèbre, œuvre de patience et d’amour du grand Federigo qui, jadis, n’entretenait pas moins de trente

  1. Voyez la Revue du 1er avril.