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Cette seconde Lettre sur l’Italie, dès sa réception, fidèlement, F. Buloz la porte à Musset ; et il se met à la lui lire. Mais Musset la lui arrache des mains. Buloz ne comprend rien à cette lettre, et dit à Musset : « Qu’a-t-elle donc ? Comme cela est triste !... Mais vous ne l’avez pas quittée ? Vous ne l’avez pas abandonnée ? »

Le 26 juin, toujours de Venise, elle écrit encore :


« Je veux être à Paris (sans la fièvre) le 16 août, jour de la distribution des prix. Mon fils est un des fameux de sa classe, jugez quel chagrin pour lui et pour moi si je n’assistais pas à ses petites gloires ! Je tiens plus à cela qu’à toutes celles qu’on me promettrait pour moi-même. Soyez un bon Buloz, et non un monstre furieux, comme je vous ai vu quelquefois...

« On me mande que vous avez acheté la Revue de Paris et que vous avez fait une mauvaise affaire en cela. Est-ce vrai ? On me dit que M. Sandeau publie des articles dans ladite Revue ; si c’est maintenant à vous qu’il a affaire, je désire de tout mon cœur que vous lui soyez utile, et comme c’est un homme d’esprit, vous ne vous en repentirez pas, mais j’espère que vous ne lui laisserez point signer du nom de Sand, c’est un nom qui m’appartient, même avec l’initiale de J ou le prénom de Jules. Car j’ai fait, en grande partie, le peu de choses publiées sous ce nom de J. Sand. Il aura, je pense, assez de raison et de fierté pour changer sa signature littéraire, mais au cas où il serait mal conseillé, faites-le-lui sentir, si vous avez quelque, rapport avec lui.

« Adieu, mon ami, vous aurez la fin de Jacques le 15 juillet, si la chose est humainement possible, et au plus tard le 20.

« Tout à vous.

« GEORGE [1]. »


Cependant, elle se plaint de ne recevoir ni nouvelles ni argent : rien ne lui parvient. Boucoiran néglige de lui envoyer la somme que Buloz lui a versée pour elle, et elle attend, et elle est triste, « le tout par la négligence et l’apathie incroyables de Boucoiran, écrit-elle à Musset. Il y a plus de huit jours que j’ai reçu une lettre de Buloz qui m’annonce qu’il a remis 500 francs à Boucoiran, — donc Boucoiran n’est pas malade !

  1. Inédite.