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poussée à fond de s’ouvrir un passage à travers nos lignes. Après les premiers succès que lui vaudraient peut-être la surprise et la concentration de ses moyens d’attaque, sa progression ne tarderait pas à être définitivement arrêtée [1].

Nous ne pouvons pas non plus songer à enfoncer actuellement le front allemand qui nous fait face. Mais si, pour une raison quelconque, il s’offrait à nous en un point du front de guerre une zone de moindre résistance, les conditions de la percée pourraient se présenter toutes différentes. Nous devons envisager et étudier la possibilité d’opérations dont notre adversaire nous a donné l’exemple et qui lui ont valu d’importans succès.

C’est aussi sans doute sous la forme de percée qu’il faut prévoir le choc final, le jour où, notre supériorité s’étant affirmée, nos ennemis étant matériellement et moralement diminués, ce choc apparaîtrait néanmoins comme nécessaire pour cueillir le fruit d’une longue série d’efforts, et imposer à l’Allemagne notre volonté et notre paix.


Concluons. Il faut vaincre. Seule, la victoire militaire peut faire justice de cette guerre et donner au monde la seule paix qui soit durable : la paix du droit.

Cette victoire militaire, nous avons en mains les moyens de l’obtenir ; nous l’obtiendrons. Elle serait proche de nous, si la trahison du gouvernement maximaliste russe et la paix séparée qui s’en est suivie n’avaient arrêté la puissance militaire allemande sur la pente qu’elle commençait à descendre. L’effort américain a remplacé l’effort russe. L’ensemble des moyens dont nous disposons est supérieur à l’ensemble des moyens de nos adversaires ; leur usure est supérieure à la nôtre ; l’écart ne fera qu’augmenter.

Mais l’effort militaire américain n’est pas encore actuellement en mesure de se produire et la guerre continue. Tenir ne suffit pas ; il faut agir. L’offensive est nécessaire pour user l’ennemi, en attendant qu’elle nous permette de le battre. Elle serait encore nécessaire, s’il prend l’initiative de l’attaque, comme étant la meilleure riposte à lui opposer.

  1. Nous faisons remarquer que ces lignes ont été écrites avant le déclenchement de l’offensive allemande. (N. D. L. R.)