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Elles doivent, pour la même raison, exiger que le nouvel Etat polonais soit constitué dans des conditions qui le rendent viable, c’est-à-dire de telle sorte qu’il ait un débouché.

Mais il est certain qu’aucun gouvernement allemand ne consentira autrement que contraint par la force, à rétablir une Pologne véritablement indépendante ; il est certain qu’aucun Allemand ne voudrait aujourd’hui le proposer. Cela, pour des raisons d’ordre national et d’ordre sentimental qui sont manifestes, et pour une raison de sécurité qui les domine toutes : les méthodes de germanisation employées par l’Empire allemand vis-à-vis des Polonais furent telles qu’un État polonais indépendant ne peut désormais qu’être hostile à l’État allemand.

Là est le nœud du problème : le passé de l’Allemagne saisit son présent. Des populations que la force seule a soumises, que la force seule maintient sous l’oppression allemande, ne peuvent être libérées que par la force : seule, elle peut trancher la grande querelle.

Engagés dans le plus vaste conflit que le monde ait jamais vu, il n’y a pas de moyen terme pour nous entre la victoire et la défaite. Aujourd’hui, tous ceux qui croient à l’avenir des démocraties, tous ceux qui veulent vivre et mourir en hommes libres, ne peuvent avoir qu’une pensée et qu’un but : combattre jusqu’à la paix juste, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’Allemagne soit vaincue. « La démocratie, a dit à la conférence de Londres le chef du socialisme belge, commettrait une faute irréparable en mettant bas les armes, avant que l’impérialisme ait été défait. »


II

Il faut vaincre, — vaincre par la force, par les armes, car il n’existe pas d’autre victoire.

Est-il nécessaire de montrer que nous avons les moyens de vaincre, que nous vaincrons si nous le voulons ?

Cette démonstration est sans doute inutile pour ceux qui se battent. Consciens de leur supériorité individuelle sur les ennemis qu’ils ont devant eux, leur bon sens se satisfait avec la pensée que l’Allemagne ne peut avoir raison contre le monde entier. Mais à l’arrière traînent de déplorables théories que la grande presse ne combat pas suffisamment : « Les opérations