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tous trois adjudans ; les sergens Gaillard et Moulines ; les caporaux de Marcy, Dubonnet et Risacher. Dès le 24 juillet, Guynemer est reparti dans les cieux...


Pour comprendre toute l’importance de cette nouvelle bataille des Flandres, qui va s’engager le 31 juillet 1911 et se prolongera jusqu’à l’hiver, il n’est pas inutile de citer uneappréciation allemande. Dans un numéro du Lokal-Anzeiger de la fin de septembre (1917), le docteur Wegener écrivait, après deux mois de luttes sans interruption : « Comment peut-on, dans ces jours que nous vivons, oser parler d’autre chose que de la bataille des Flandres ? Quoi ? il y a des gens qui disputent de l’avenir du régime parlementaire, ou du dernier emprunt, ou du prix du beurre, ou des rumeurs de paix, quand tous les cœurs et tous les yeux devraient être tournés avec angoisse vers ces lieux où les soldats accomplissent des gestes immenses ! Cette bataille est la plus puissante et la plus terrible de la guerre. On l’avait crue terminée ; elle vient de s’embraser à nouveau dans un gigantesque incendie. L’Anglais poursuit son but avec sa coutumière et inlassable ténacité. Le bombardement qui a précédé les récentes attaques a dépassé en intensité et en horreur toutes les canonnades d’autrefois. Les Anglais étaient ivres de victoire, même avant de s’élancer à l’assaut, tant leurs masses d’artillerie étaient formidables, redoutables leurs canons, intenses leurs feux… »

Ce commentaire montre l’inquiétude causée par la nouvelle offensive dans toute l’Allemagne, encore mal remise de la bataille d’avril sur l’Aisne et en Champagne. Cependant le lyrisme du docteur Wegener ne lui laisse pas le jugement libre. Les trois grandes batailles d’arrêt, qui ont la première refoulé, la deuxième suspendu, la troisième cloué sur place et usé la puissance allemande, la Marne, l’Yser, Verdun, ont été tour à tour les plus terribles de la guerre. Ce n’est pas à l’une ou l’autre d’entre celles-ci que la seconde bataille des Flandres peut être comparée, mais plutôt à cette bataille de la Somme dont les conséquences n’ont été complètement révélées que par le recul allemand du mois de mars (1917) sur la ligne Siegfried. La première bataille des Flandres a fermé aux Allemands les portes et les ports de Dunkerque et de Calais et immobilisé leur invasion : la nouvelle offensive franco-britan-