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LE NOUVEAU JAPON

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III[1]

EUROPÉENS ET JAPONAIS

L’AVENTURE DE LAFCADIO HEARN

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« Je n’ai pas tiré cette histoire de mon imagination ; elle est véridique : c’est un conte d’amour et un doux souvenir qui existe à Alger. On peut encore y voir la fenêtre et le jardin. »

(Cervantès, Les Bagnes d’Alger.)

I

Le tramway nous déposa au milieu des champs. Nous étions à une extrémité de Tokyo, pas très loin de l’Université libre fondée par le comte Okuma. Une grande bâtisse européenne dominait le faubourg que nous apercevions, et la demeure de Mme Koizumi, ou, si l’on aime mieux, de Mme Lafcadio Hearn, devait se trouver dans ces parages. Mon ami japonais me dit : « Nous allons interroger les employés de magasin qui passeront : c’est ce que je fais toujours en pareille circonstance. » Il en passa trois successivement. Les deux premiers ne savaient rien. Le troisième connaissait, ou croyait connaître plusieurs Koizumi et une dame Koizumi qui, l’année dernière, demeurait de ce côté-là… Nous suivîmes son geste et nous entrâmes dans une rue de village, morte de chaleur. Par les boutiques ouvertes, on voyait l’intérieur des maisons et des gens à demi nus accroupis ou étendus sur leurs nattes. Mais les ruelles

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1917 et 1er janvier 1918