queux à déposer leurs armes et, le lendemain, quand César parut en grand costume, sur un cheval magnifiquement caparaçonné, suivi de ses lances et de ses hommes d’armes en harnais de tournoi, avec plumes aux couleurs diaprées, il ne trouva plus, en face de lui, qu’une foule pacifique, stupéfaite et résignée.
Les autres villes, ou forteresses, devaient également se soumettre. Même San Leo, l’inexpugnable San Leo, par la trahison
ou la sottise de son gouverneur, un certain Lattanzio, de Bergame, se rendit. Plus tard, à Venise, ce mal avisé personnage
étant allé faire sa cour au souverain dépossédé : « Seigneur, lui
dit-il, ne doutez pas que je sois prêt à remplir toutes les conditions nécessaires à la reprise de San Leo. » — « Ma foi, répondit
le Duc, vous avez déjà rempli la première, qui était de le
perdre. » Mieux inspiré, ce gouverneur eût plaidé le désarroi
où il s’était trouvé faute d’avertissement et faute d’ordres. La
brusquerie de l’attaque avait déconcerté la résistance. César
venait de donner l’exemple que Tavannes mit plus tard en
aphorisme : « Les soldats doivent être dans les villes devant
qu’ils sachent pourquoi. » L’Italie, en se réveillant, se trouva en
présence du fait accompli. Et Machiavel et Soderini, tout
ébaubis, écrivirent qu’on avait appris la mort du duc d’Urbino
« en même temps que sa maladie. »