Si ce texte est authentique, on peut aisément comprendre la perplexité du ministre des Affaires étrangères de Russie lorsqu’il reçut les confidences de son auguste maître : le traité de Bjoerkoe renversait tout simplement tout le système politique russe. Le comte Lamsdorf crut de son devoir de représenter à l’empereur Nicolas II combien le pacte qu’il venait de signer était contraire au sens et même à la lettre du traité d’alliance franco-russe. L’Empereur, dans l’esprit duquel le doute s’était déjà glissé dès qu’il se fut séparé de Guillaume II, accueillit avec bienveillance les franches explications de son ministre et finit par reconnaître leur parfaite justesse. Il fut convenu sur-le-champ que l’arrangement de Bjoerkoe devait être révoqué, et le comte Lamsdorf fut chargé par son maître de trouver de bons prétextes et de plausibles argumens pour annuler les effets de la signature arrachée à Nicolas II par son persuasif et éloquent cousin. Le comte Lamsdorf terminait ses confidences en communiquant à M. de Nélidoff qu’il s’était empressé d’exécuter les ordres de Sa Majesté et qu’à l’heure actuelle notre ambassadeur à Berlin, le comte Osten-Sacken, recevait la désagréable mission de signaler à l’empereur Guillaume l’impossibilité dans laquelle se trouvait l’Empereur de donner cours à l’arrangement signé à Bjoerkoe.
Le comte Lamsdorf ne mentionnait dans son récit de l’entrevue de Bjoerkoe aucun arrangement des deux souverains qui eût concerné le Danemark; le nom même du Danemark ne figurait pas dans la lettre du comte à M. de Nélidoff.
Les télégrammes publiés par le New York Herald, et que nous avons mentionnés plus haut, constatent d’ailleurs pleinement toutes ces données. On n’y trouve qu’un seul et très court télégramme du tsar ; et ce télégramme se borne à approuver