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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Toujours rien ; l’attente d’une offensive annoncée à si grand fracas et qui ne se dessine nettement nulle part. Non point tout à fait le silence, puisque le canon continue à faire beaucoup de bruit, ni le sommeil, puisqu’on « se taquine » un peu sur toute la ligne, comme pour se tâter et trouver le point faible avant d’engager la lutte. En Italie, pourtant, le général Diaz a fait sortir de ses «tiri di molestia » un ennui plus sérieux pour les Austro-Hongrois, engourdis dans les neiges. Une attaque sagement conçue et vaillamment conduite, à l’Est de la cuvette d’Asiago, bien appuyée d’ailleurs par l’artillerie et l’aviation françaises, a réussi de la plus brillante manière. Plus de 2 000 hommes, officiers et soldats, ont été pris à l’ennemi, beaucoup de matériel de tout genre a été enlevé. « Le succès des nôtres, a fait remarquer la presse italienne, est d’autant plus intéressant qu’il s’agit d’une zone où nous pouvions penser être condamnés à une immobilité relative pendant un temps indéterminé. Il s’agit, en effet, d’un des points les plus éloignés des communications avec la plaine, les plus élevés au-dessus du niveau de la mer, les plus durs au point de vue du climat, les plus exposés de flanc après les dernières poussées de l’ennemi dans les zones de Gallio (Nord-Est d’Asiago) et de Canove (Sud-Ouest). Il n’y a pas de doute que l’action du 28 janvier n’ait servi à rectifier plus ou moins, mais, en tout cas, de façon très avantageuse, la trace de notre front dans le secteur du plateau. » Plus encore qu’un bénéfice militaire, l’armée italienne aura retiré de cette action d’éclat un bénéfice moral. Si la confiance est un des facteurs du succès, le succès, à son tour, engendre la confiance. Les troupes royales viennent de se prouver à elles-mêmes, et il n’est pas de meilleure démonstration, qu’après avoir été capables d’arrêter l’invasion, elles la dominaient, et qu’il ne dépendait que d’elles de la faire reculer.

Ni bénéfice moral, cela va sans dire, ni bénéfice militaire, ni un