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États-Unis. Les relations entre la Grande-Bretagne et les États-Unis s’étaient, d’ailleurs, durant la guerre hispano-américaine, comme durant la guerre du Transvaal, raffermies et resserrées à tel point, leurs intérêts dans le Pacifique et en Extrême-Orient s’étaient rapprochés de telle façon que les deux gouvernemens en étaient venus à considérer sous des aspects le plus souvent semblables la plupart des problèmes posés dans le bassin du Pacifique, et les régions lointaines de l’Extrême-Orient.

Les États-Unis s’étaient ainsi, en quelques années, organisés et préparés pour le rôle que les circonstances pourraient leur recommander ou leur imposer : quel allait être ce rôle ?


III

Les principes au nom desquels la Russie, la France et l’Allemagne avec elles avaient, au printemps de 1895, donné au Japon le conseil amical de ne pas insister sur l’annexion de la presqu’île du Liao-tong et de Port-Arthur étaient le maintien de l’indépendance et de l’intégrité de la Chine, en vue d’une paix durable de l’Orient. Ces principes répondaient si bien à la pensée commune et à l’intérêt général des Puissances qu’adoptés successivement par la plupart d’entre elles, ils devinrent le leitmotiv et la devise dès différens traités, accords ou déclarations destinés à régler les questions asiatiques. Les États-Unis, qui y retrouvaient, dans son application à l’Asie, l’essence de la doctrine de Monroe, s’en inspirèrent à leur tour lorsque la cession à bail par la Chine de plusieurs ports à diverses Puissances leur fît craindre, sinon le morcellement, du moins la distribution de la Chine en zones d’influence qui briseraient son unité. C’est alors que le secrétaire d’État John Hay, par une circulaire mémorable datée du 6 septembre 1899, ajouta aux principes déjà reconnus de l’indépendance et de l’intégrité du Céleste Empire le principe de la porte ouverte (open door), de l’opportunité égale (equal opportunities) donnée à toutes les nations d’étendre leurs relations commerciales et économiques avec la Chine.

Après le traité de Shimonoseki, le statu quo et la paix de l’Extrême-Orient avaient pu paraître provisoirement assurés. Le Japon, qui avait accepté en 1895 le conseil amical des