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William Seward, un traité par lequel le Gouvernement des États-Unis, tout en se faisant confirmer les avantages déjà obtenus, s’engageait à ne pas intervenir dans les affaires intérieures et l’administration du pays, et à réserver l’entière liberté du Gouvernement chinois en matière de chemins de fer, de télégraphes ou de tels autres travaux publics. — C’est ainsi que plus tard, envers le Japon, les États-Unis furent les premiers à accepter en 1878 la révision des anciens traités et l’abolition de la juridiction consulaire. — Les dispositions amicales des États-Unis envers l’Extrême-Orient, leur impartialité, le désintéressement qu’ils avaient montré jusqu’alors au point de vue politique et territorial, et dont il semblait que la doctrine de Monroe fût elle-même l’expression et le gage, étaient si incontestablement établis et admis que, quand éclata en 1894 la guerre sino-japonaise, les deux belligérans, Chine et Japon, s’adressèrent l’un et l’autre au Gouvernement américain pour lui confier la représentation de leurs intérêts et la charge de leurs nationaux en territoire ennemi.


II

Au lendemain du conflit sino-japonais, et après la conclusion de la paix de Shimonoseki, la scène change. La Chine vaincue, diminuée malgré l’adoucissement que l’intervention de la Russie, de la France et de l’Allemagne a apporté aux conséquences de sa défaite, renonce à l’isolement dans laquelle elle s’était enfermée. L’ambassadeur extraordinaire envoyé par elle aux fêtes du couronnement du tsar Nicolas II, le vice-roi Li Hong tchang, signe avec le prince Lobanoff, à Saint-Pétersbourg, au mois de mai 1896, un traité d’alliance destiné à protéger la Chine contre de nouvelles agressions. Le Japon, d’autre part, et bien qu’à cette même date du printemps de 1896 il se mette d’accord avec la Russie sur les termes d’un arrangement relatif à la Corée, ne peut manquer de reconnaître que ses intérêts du moment et l’état général du monde le rapprochent plutôt de l’Angleterre et des États-Unis. En tout cas, l’Asie est dès à présent sortie de sa réclusion séculaire. Les ponts sont jetés entre elle et l’Occident. — L’Amérique, de son côté, suivant les pénétrantes observations faites précisément à cette date par le commandant Mahan, l’auteur de l’ouvrage fameux, « le