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les herbes, et les hommes devaient entrer dans la vase pour les dégager. Heureusement le tir de l’artillerie allemande, concentré sur Nieuport, négligeait provisoirement les entours de Rams-capelle. À neuf heures trente, toute la compagnie prenait pied sur la rive opposée de la lagune d’où elle se dirigeait vers les fermes Klein et Groot-Noordhuyst qu’elle avait pour objectifs. Les deux fermes, l’une assez importante, avec grand corps de logis et communs, l’autre plus petite et dépendant, peut-être de la précédente, se présentaient de biais sur leurs clyttes. Tout le reste de la dépression était vide. Rien, pour se défiler, que quelques bouquets de saules et les têtards défeuillés qui balisaient les canaux d’irrigation. Les deux fermes étaient-elles occupées ? On l’ignorait, bien qu’on sût que les Belges eussent par là un poste avancé. L’enseigne de Blic partit en reconnaissance. Il revint sans avoir essuyé aucun coup de fusil : la ferme Groot-Noordhuyst contenait un petit poste belge et, dans la ferme Klein-Noordhuyst, qui touchait le canal, il n’y avait personne.

Le silence de l’ennemi s’expliquait. On laissa la ferme Groot-Noordhuyst à la garde des Belges et les cent vingt hommes des doris occupèrent Klein-Noordhuyst, d’où une petite levée de terre conduit au pont de Katelersdamme, rattaché lui-même par une autre petite levée à la Ferme-aux-Canards, que deux cents mètres à peine séparent de Saint-Georges. Mais, de ce côté du Noord-Vaast encore, on retrouvait l’inondation. La Ferme-aux-Canards ne faisait plus qu’un îlot. On ne pouvait même pas l’aborder à pied sec par sa chaussée, submergée sur une moitié de sa longueur. La 4e compagnie allait néanmoins s’y engager, quand elle apprit que la colonne principale s’était retranchée à la hauteur des maisons crénelées. Elle n’avait plus qu’à rester sur ses positions, et c’est ce qu’elle fit.


III. — L’EXPÉDITION DES CANONNIÈRES LE VOYER

Ainsi, sur les trois côtés de l’attaque, la progression était arrêtée, mais, à droite et à gauche aussi bien qu’au centre, on avait fait un grand pas vers Saint-Georges, et on l’avait fait « sans casse » ou avec des pertes insignifiantes[1]. Le commandement décida donc de reprendre l’attaque dès l’aube du

  1. Trente-trois hommes hors de combat pour l’ensemble du bataillon.