Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/831

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Somme, une recrudescence de l’aviation allemande considérablement renforcée et munie d’une tactique nouvelle. Guynemer se jette au travers de cette tactique du nombre. En un seul jour, — le 17 octobre, — il attaque un groupe de trois monoplaces, puis un autre groupe de cinq. Il sort une seconde fois, attaque un biplace qui est secouru par cinq monoplaces. Une autre fois, — le 9 novembre, — il livre six combats avec des monoplaces et des biplaces qui piquent successivement pour se dérober. Ce n’est rien encore : nouvelle sortie, au cours de laquelle il attaque un groupe d’un Albatros et de quatre monoplaces. « Combat dur, note le carnet, l’ennemi a l’avantage. » Il rompt le combat, mais pour en engager un autre avec un Albatros qui surprenait le lieutenant Deullin à 50 mètres. Le lendemain — 10 novembre — il compte deux pièces au tableau (les 19e et 20e) : le premier, à qui il a tiré 15 coups à moins de 10 mètres, tombe en flammes au Sud de Nesles ; l’autre, un biplace Albatros 220 HP Mercedes, qui était protégé par trois monoplaces, va s’écraser dans le ravin de Morcourt. Ce coup double, il le répète le 22 du même mois (les 22e et 23e) et encore le 23 janvier 1917 (les 26e et 27e), et de même le lendemain 24 (les 28e et 29e). Au surplus, voici encore une de ses lettres qui dresse le procès-verbal de trois jours de chasse (les 24, 25 et 26 janvier). Il n’y a plus ni en-tête ni formule finale. Comme en l’air, il attaque directement :


26-1-17.

« 24 janvier 1917. — 11 h 25. — Tombé sur un groupe de cinq Boches à 2 400. Je les ramène tambour ballant à 800 mètres (un tendeur coupé, un pot d’échappement déchiré). À la fin du pugilat à 400 mètres sur Roye, je réussis à me mettre derrière un monoplace de la bande. Mon moteur s’arrête. Obligé de pomper et de lâcher le Boche.

« 11 h 45. — Attaqué un Fritz, je le lâche à 800 mètres, mon moteur bafouille, mais le Boche atterrit la tête en bas près de Goyancourt. Je ne le compte que désemparé.

« À ce moment, je vois un Boche canonné à 2 400, d’où, à 11 h. 50, pugilat en règle avec un petit Rumpler à deux mitrailleuses. Le pilote reçoit une balle dans le poumon, le passager, qui me sonnait, en prend une dans le genou. Les deux réservoirs encaissent, tout flambe et dégringole à