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derons pas longtemps tous les avantages que, pour le moment, nous pouvons impitoyablement saisir. »

Nous retrouvons ce même esprit dans le discours prononcé par M. Paul Warburg, vice-gouverneur du Federal Réserve Board, lors de la réunion de la Conférence internationale, à Buenos-Ayres, en 1916. « Les conditions financières dans lesquelles se trouveront les États-Unis après la guerre, nous obligeront impérieusement à prendre une part très importante dans le « financement » du monde. Mais notre intention n’est pas de chercher à supplanter les nations européennes qui ont été amies de l’Amérique latine et lui ont apporté une aide substantielle. »

Enfin, nous avons été heureux de trouver dans le rapport de l’American International Corporation cette déclaration très suggestive : « Nous avons à l’étude diverses entreprises en Russie, pour lesquelles il sera indubitablement désirable de coopérer avec les intérêts anglais et français. » Cette formule est également celle qui semble appelée à prévaloir dans les affaires chinoises.

Le rôle que nous entrevoyons pour les États-Unis après la guerre est celui qui résulte des faits mêmes que nous avons observés, des tendances que nous voyons se dessiner aujourd’hui. On a pu constater, dans ces dernières années, le développement d’un système, qui, sous le nom de Dollar Diplomacy, tend à coordonner les efforts des banques vers un même but pour le bien supérieur du pays : c’est l’utilisation des capitaux comme grand moyen d’influence mondiale, dont nous venons de montrer quelques applications pratiques.

Cette expansion subite des Nord-Américains dans le monde par de multiples créations de corporations, de sociétés d’entreprises d’exportation ou filiales de banques, etc. est toute une politique qui révèle les tendances actuelles de la finance américaine. Mais, comme tous les mouvemens trop vastes, et surtout trop rapides, cette expansion pourrait bien ne pas atteindre ses fins en voulant tout embrasser ; c’est pourquoi, dans l’intérêt même des États-Unis, un programme de collaboration est préférable à un plan de conquête. On ne fait rien de durable sans le temps ; or, la création d’un grand, marché international ne peut être l’œuvre d’un jour, car il suppose une formation d’hommes, une organisation de banques, une