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Mais ce n’est là, pour cette Banque, que l’ébauche d’un plan beaucoup plus vaste. C’est vers la Russie qu’elle compte porter également son effort, toujours dans cette même pensée d’offrir la commandite des capitaux américains, lorsque le pays sera sorti des convulsions révolutionnaires. Une agence de la National City Bank a été ouverte à Pétrograd, en pleine crise, et une autre à Moscou en novembre 1917, ce qui dénote une véritable foi dans les destinées économiques de la Russie. D’autres agences de cette Banque sont également en voie d’organisation pour l’Europe : celle de Gênes vient de commencer ses opérations, et d’autres sont à l’étude en Suisse et en Espagne. La question de son établissement à Londres et à Paris a été jusqu’à présent réservée.

Ces initiatives ne sont pas spéciales à la National City Bank ; d’autres grandes banques des États-Unis se préparent à entrer dans ce mouvement. C’est ainsi qu’à Paris, où étaient déjà établies avant la guerre plusieurs banques américaines, dont la maison Morgan, il vient d’être fondé la première agence d’une des plus grandes Sociétés financières de New-York, la Guaranty Trust.

Toutes ces créations ou projets d’agences ont vu le jour depuis 1915. C’est une éclosion presque spontanée, à la manière américaine : on ouvre d’abord la banque, sans longue préparation, puis on organise les services comme on peut, en utilisant toutes les chances favorables. La méthode se rapprocha de celle employée pour bâtir une ville : dès que l’emplacement en est choisi, on établit des rues, des maisons, on exécute des travaux de voirie, d’éclairage, etc. On se préoccupe ensuite d’en développer la population.

Lorsqu’il s’agit de l’Amérique latine, la clientèle est facile à trouver, si l’on arrive avec d’importans capitaux à répartir sous forme de crédits, ou si l’on peut offrir une large surface de garantie pour les dépôts. Mais quant au personnel à former pour les agences lointaines, c’est là, semble-t-il, une grosse difficulté, qui ne peut être résolue qu’avec le temps et à coups de dollars, les États-Unis ayant été longtemps tributaires de l’élément étranger pour la formation des cadres dans leurs banques.


La finance américaine ne marche pas seule à la conquête