LA PRISE DE SAINT-GEORGES[2]
La première bataille de l’Yser était terminée depuis le 14 novembre 1914, mais on craignait une reprise de l’activité ennemie, et la brigade navale, envoyée au repos à Dunkerque, en avait été rappelée presque aussitôt. Le « colonel » Paillet[3], qui commandait le 2e régiment, passa la revue de sa troupe, sur la place de Loo, dans la matinée du 25. Officiers et marins, après la revue, s’étaient disséminés dans leurs cantonnemens de fortune. La besogne ne manquait pas : presque tout l’équipement était à reconstituer, les cadres à reformer, les unités à compléter. Il pleuvait. Mais on avait un toit, des foyers, et déjà la soupe chantait sur le feu, quand, brusquement, vers onze heures du matin, ordre arriva au 1er bataillon de chavirer les marmites et de se mettre en route pour le carrefour de Linde, où des autobus l’attendaient. Un renfort de mille hommes venait d’être réclamé d’urgence par le général de Mitry pour la défense de Nieuport, et le choix de l’amiral s’était porté sur ce bataillon, commandé par le capitaine de frégate de