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sur un champ d’expérience particulièrement favorable. Nous verrons également combien il serait désirable que, sur ce même terrain, fécondé de longue date par nos capitaux, nous puissions trouver la base d’une future collaboration.

Depuis que la guerre a mis entre leurs mains la toute-puissance de l’argent, c’est principalement vers l’Amérique du Sud que les États-Unis ont cherché à conquérir, au profit de leur commerce et de leur industrie, de solides positions pour l’avenir. Le pan-américanisme, telle est l’une des formes de cette politique extérieure, à laquelle le Gouvernement américain a donné officiellement son appui et que les diplomates, les industriels et les financiers américains se sont ensuite chargés d’appliquer dans le monde[1].

En ouvrant le congrès pan-américain tenu à Washington en décembre 1915 et auquel assistaient vingt et un délégués des républiques sud-américaines, le Secrétaire d’État Hubert Lansing a défini la pensée des États-Unis avec les ménagemens nécessaires pour les États de l’Amérique latine. À la base de cette politique se place la doctrine de Monroe, envisagée non pas comme une sorte de vasselage ou de tutelle des nations sud-américaines, mais comme une libre association pour la défense de leurs intérêts communs. « La doctrine de Monroe, a-t-il dit, représente la politique nationale des États-Unis, et le pan-américanisme leur politique internationale. » Et, pour compléter sa formule, il ajoutait que la devise du pan-américanisme devait être : « Un pour tous, tous pour un, » en réalisant l’union des vingt et une Républiques indépendantes liées pour la foi et la justice.

Ces solennelles affirmations ne sont, en somme, que des applications de l’idée exprimée dans un message du Président Wilson, qui posait les États-Unis comme la grande République sœur, « offrant une complète et honorable association, pour la cause commune de leur indépendance et de leur liberté, aux États sud-américains, consciens de leur communauté d’intérêts politiques et économiques, et tous placés dans une situation de liberté complète et de parfaite égalité. »

En réalité, la direction de ce vaste mouvement reste aux

  1. Les origines de cette politique américain, issue de la doctrine de Monroe, ont été particulièrement étudiées par M. Firmin Roz dans son livre si actuel sur l’Energie américaine.