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donner leur acceptation pour des traites dont la durée n’excède pas six mois et ayant leur origine dans des opérations commerciales, comme, par exemple, celles se rapportant à l’exportation ou à l’importation. D’autre part, les Federal Reserve Banks sont autorisées à escompter les traites ainsi acceptées, pourvu qu’elles n’aient pas plus de trois mois à courir et qu’elles portent au moins l’endos d’une des banques nationales. En d’autres termes, ces dernières, qui ont le pouvoir d’escompter les traites de cette nature jusqu’à six mois de date, peuvent à leur tour, après trois mois, trouver des facilités de réescompte auprès des banques fédérales, qui ont ainsi des fonctions semblables à celles que remplit, chez nous, la Banque de France. Les traites ainsi escomptées ne sont pas forcément créées, en Amérique ; elles peuvent être tirées de l’étranger sur les États-Unis, et c’est là une innovation dont nous devons signaler toute l’importance, car, sous cette forme, les banques américaines sont en mesure de financer des opérations venant de l’extérieur.

Enfin, la nouvelle loi confère aux banques nationales un privilège que les événemens viennent de mettre en pleine valeur. Elles ont maintenant la facilité de créer, avec l’autorisation du Federal Reserve Board, des succursales à l’étranger, en vue de favoriser l’expansion du commerce américain.

Aussi, le marché américain, qui, jusqu’en 1913, avait restreint son activité aux affaires intérieures et restait quelque peu sous la dépendance du marché de Londres pour les capitaux de placement ou les crédits à long terme, a pu changer complètement ses méthodes. Sa nouvelle tendance est de s’imposer, à son tour, comme un grand marché international, The greatest in the World, et de régler en monnaie américaine le mouvement de son commerce extérieur, en finançant lui-même ses opérations à l’aide des facilités d’acceptation et d’escompte que donne aux banques la réforme bancaire. De là cette intention hautement affirmée, et que justifient les énormes excédens de la balance commerciale, de remplacer à l’avenir, pour une large part, la livre par le dollar dans les transactions internationales intéressant les États-Unis.

Telle est l’organisation monétaire et bancaire sur laquelle repose maintenant cette force financière dont les États-Unis entendent se servir pour promouvoir leurs vastes projets