orgueil en voyant que le Pactole a changé son cours ancien pour couler de l’Europe vers l’Amérique[1].
Avec leur clairvoyance habituelle, les États-Unis ont immédiatement affronté, en s’appuyant sur la forte organisation de leurs banques, les grands problèmes financiers que dressait devant eux cette accumulation de richesse, conséquence d’une brusque rupture d’équilibre dans le mouvement de leur commerce extérieur. Le plus important de tous se pose en ces termes : sur un total d’exportations s’élevant à 10 milliards de dollars pour les deux derniers exercices, soit, du 1er juillet 1915 au 30 juin 1917, un montant d’environ 8 milliards a été dirigé vers les Alliés, c’est-à-dire principalement l’Angleterre et la France, alors que les importations en provenance de ces deux pays n’ont pu atteindre, pour la même période, qu’un chiffre de 900 millions de dollars. Il en est donc résulté une différence de plus de 7 milliards en faveur des États-Unis, dont le règlement devait être opéré avec des moyens exceptionnels, et sans peser trop lourdement sur les changes européens, puisqu’il n’y avait plus, sur le marché monétaire, de provisions suffisantes de dollars pour couvrir de pareils montans.
En présence de cette situation, les Américains ont eu la vision très nette, dès l’année 1915, qu’ils devaient trouver des formes de crédit pour faciliter le règlement de ces achats, et cela non seulement afin de favoriser le développement des échanges internationaux, mais en vue de l’intérêt supérieur de la défense financière des États-Unis.
Cette politique a été très bien exposée par la National City Bank of New York dans une circulaire du mois d’octobre 1915 : « Une nation, disait-elle, qui est en mesure d’écouler à l’étranger un stock de marchandises d’une valeur de plus de 3 milliards de dollars doit prévoir en même temps les crédits nécessaires pour financer ces exportations dans des conditions normales, afin de ne pas troubler, par contre-coup, la situation du commerce intérieur. Il est reconnu, en effet,, que les brusques accumulations d’or ont pour effet, d’une part, de déprécier les taux d’intérêt et, d’autre part, d’exagérer les prix de vente des marchandises et les salaires, à un tel point que l’exportation
- ↑ La richesse totale des États-Unis est évaluée, d’après les statistiques, à 220 milliards de dollars, dans lesquels les ressources des Banques sont comprises pour 35 milliards de dollars.