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parmi des nations protestantes, et ce rapprochement a beaucoup diminué les haines et les préjugés. » L’hommage doit remonter jusqu’aux Sulpiciens, dont beaucoup de ces prêtres avaient été les élèves, et qui, rejetés eux-mêmes de France par la bourrasque révolutionnaire, s’en allaient aux États-Unis préparer aux côtés de l’évêque Carroll l’organisation d’une force immense : la catholicité américaine.

Il y eut pour l’Allemagne catholique du XIXe siècle deux momens décisifs : celui où la conversion du comte Stolberg rendit à l’idée catholique, dans certaines sphères, le crédit intellectuel dont la Réforme et le XVIIIe siècle l’avaient fait déchoir ; et celui où le Centre allemand infligea à Bismarck et à l’Empire évangélique leur première défaite, au profit de l’Église et du droit. Nous avons dit ici même, autrefois, qu’à l’origine de la conversion de Stolberg il y eut l’influence de l’émigration française et d’un évêque français ; et lorsque nous rendions au Centre allemand du XIXe siècle un hommage que le Centre du XXe avait déjà cessé de mériter, nous remontions jusqu’au mouvement initial par lequel s’étaient laissé secouer en 1848 les catholiques allemands. Mais eux-mêmes, en ce temps-là, furent les premiers à reconnaître que les campagnes des Montalambert et des Falloux leur avaient imprimé l’élan. « Nous suivons complètement le généreux exemple que nous ont donné les catholiques de France, » écrivait expressément l’Association catholique allemande à notre Comité catholique pour la liberté religieuse ; et la préface du compte rendu du congrès de Mayence, le premier congrès tenu par les catholiques d’outre-Rhin, disait formellement : « Mayence fut une des premières villes en Allemagne où se propagea le grand mouvement venu de France. » Il avait fallu l’exemple de la France pour amener les catholiques rhénans, tyrannisés par la Prusse des Hohenzollern, à sortir de leur passive torpeur et à défendre dans les assemblées politiques la liberté de leur Église et de leurs âmes.


XI

« Cela est réputé comme chose naturelle, écrivait notre vieil historien Guillaume de Tyr, que chacun s’efforce, de toutes ses énergies, à glorifier sa patrie. » Les catholiques neutres, j’espère, réputeront comme chose naturelle qu’au terme de cette étude