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rappeler les combats de. Maurepas (12 août), de Cléry (3 septembre), de Bouchavesnes (12 septembre), — de Bouchavesnes où, le soir, on put croire l’ennemi définitivement enfoncé, — et la prise de Berny-en-Santerre, de Déniécourt, de Vermandovillers (13 septembre) sur la rive gauche, et, sur la rive droite, l’entrée dans Combles cerné le 26 septembre, l’avance sur Sailly-Saillisel, la défense opiniâtre de ce village ruiné dont le château et la partie centrale étaient déjà enlevés le 15 octobre, et dont quelques îlots résistèrent jusqu’au 12 novembre. Et le bois de Chaulnes, et la Maisonnette, et Ablaincourt et Pressoire : comme à Verdun, les bois sont rasés, les villages rentrent dans la terre et la terre labourée, écrasée, martyrisée, n’est plus qu’une immense plaie.

Or l’aviation avait eu sa part de la victoire. Contrainte de tenir à Verdun contre la supériorité numérique, elle s’était libérée de la servitude de l’atmosphère et par tous les temps avait accepté et rempli ses diverses missions. Verdun l’avait durcie comme Verdun avait brûlé le sang de l’infanterie qui ne connaîtrait pas un pire enfer. Mais l’initiative des opérations lui permettait cette fois une préparation matérielle plus poussée, l’organisation de ses aérodromes, les concentrations préalables. Dès le 1er juillet 1916, sur la Somme, elle marquait nettement son avantage. Plus encore que la puissance mécanique, elle montrait une méthode qui coordonnait ses efforts et les multipliait sous l’unité de commandement. Arme en continuelle évolution, la plus soumise aux modifications de la guerre, la plus susceptible de progrès et de perfectionnement, elle avait fini néanmoins, de tâtonner et prenait son plein développement en liant toutes les autres armes et en les éclairant. Après la phase de la reconnaissance stratégique, après la phase du réglage où elle était devenue la servante quasi exclusive de l’artillerie, elle offrait maintenant à chacun ses services complexes et efficaces. Par la photographie aérienne elle apporte la connaissance exacte du terrain et des fortifications adverses. Ainsi précède-t-elle l’exécution de l’opération. Elle règle le tir, suit le programme de destruction, donne la certitude que l’heure de l’assaut peut être fixée. Puis elle accompagne l’infanterie dans cet assaut, observe sa progression, situe les positions qu’elle a conquises, révèle les nouvelles lignes ennemies, dénonce ses travaux de défense, annonce ses renforts et ses contre-