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LE CHEVALIER DE L’AIR
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GEORGES GUYNEMER[1]


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II [2]

PLEIN CIEL

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I. — LA PREMIÈRE VICTIME

L’apprenti pilote a donc quitté le sol pour la première fois, à l’école de Pau, le 17 février 1915, sur un Blériot à trois cylindres. Mais il n’a fait qu’exécuter des bonds, d’ailleurs assez audacieux. Son moniteur lui a crié casse-cou : « Trop de confiance, folie, veine fantastique ! » Le soir même, il décrit à son père ses impressions : « Avant le départ, un peu inquiet ; en l’air, follement amusant. Pendant les glissades et les oscillations, je n’étais pas du tout gêné, c’était même drôle… Enfin, je me suis bien diverti, mais heureusement que maman n’était pas là… Je crois que je ne me suis pas fait une réputation de prudence. J’espère que ça ira, je le saurai bientôt… » Pendant tout le mois de février, il multiplie les expériences. Enfin, le 10 mars 1915, le voilà qui décolle plus sérieusement et monte à 600 mètres. Dès le lendemain, il prend le brevet de l’Aéro-Club. Le surlendemain, il écrit à sa sœur Odette cet hymne

  1. Copyright by Henry Bordeaux, 1918.
  2. Voyez la Revue du 15 janvier.