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avec une ostentation suspecte, qui découvre le piège, plus qu’elle ne le cache. Ils invoquent, comme les bolcheviks, « la volonté clairement exprimée par leurs gouvernemens et leurs peuples d’obtenir la conclusion aussi rapide que possible d’une paix générale ; » attention : d’une paix « générale. » S’il leur plait de s’arrêter aux propositions russes, c’est qu’à leur jugement, « les lignes directrices en peuvent former une base équitable pour une telle paix. » Tout comme les bolcheviks, ils déclarent solennellement leur décision de « signer sans tarder une paix qui mettra fin à cette guerre, » mais « sur la base de la situation et des conditions soutenues, également équitables pour tous les belligérans. » Et il y a encore un « mais. » « Mais il faut remarquer expressément que toutes les puissances participant actuellement à la guerre doivent s’engager, dans un délai convenable, à observer scrupuleusement, sans exception et sans aucune réserve, les conditions ralliant également tous les peuples. » L’angoisse secrète de l’Allemagne perce, non dans ce préambule, mais dans la conclusion : la peur d’une sorte de guerre après la guerre, que réveille en elle, par accès, sa mauvaise conscience... « Les puissances alliées voient dans le rétablissement économique régulier, tenant compte des intérêts de tous les participans, l’une des conditions les plus importantes pour la préparation et le rétablissement des relations amicales entre les puissances actuellement en guerre. » Amicales : M. de Kühlmann a écrit et le comte Czernin a prononcé l’épithète, qui n’est pas de pur protocole. « Amicales : » comme ils y vont! Tous les « adversaires » des Empires centraux sont compris dans ces dispositions bienveillantes, mais on les invite à se dépêcher : ils n’auront, pour en profiter, qu’un « délai convenable. »

Ce délai, ce sont les plénipotentiaires du Soviet qui le fixent. Dans l’ensemble, ils sont enchantés, à l’audition, de la réponse de la Quadruplice. Quelle joie ! Le principe est accepté, et ce n’est pas un mince avantage. Songez donc : « le principe d’une paix générale démocratique sans annexions. » Démocratique et générale. Sans annexions : il y a bien une ombre sur le paragraphe 3 ; et sans indemnités : il y a bien une autre ombre sur le paragraphe 5. Mais qu’est-ce que cela ! « Le collier dont je suis attaché... » La délégation russe « estime que... la franche déclaration contenue dans la réponse des puissances alliées, qu’elles n’ont aucune intention agressive, offre une réelle possibilité de procéder tout de suite aux négociations d’une paix générale entre les États belligérans. Par suite, elle propose une