Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/477

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins grand ou plus faible, sans le consentement de ce dernier, et indépendamment de l’époque où cette usurpation fut commise; » et voilà encore une précision à retenir. En conséquence, ils aboutissent à des propositions concrètes, qu’ils rangent sous six paragraphes. Pour être bref et être sûr de placer chacune à son plan, il n’est que de les classer d’après la réponse même que les Empires du Centre y ont faite.

Premier point : « L’appropriation par la force des territoires qui furent occupés pendant la guerre n’est pas dans l’intention des gouvernemens alliés; » et deuxième point : « Les Alliés n’ont pas l’intention de ravir l’indépendance aux peuples qui perdirent l’indépendance politique pendant cette guerre; » mais troisième point : «La question de l’indépendance constitutionnelle des groupes nationaux qui ne possèdent pas l’indépendance constitutionnelle (peut-être faudrait-il lire : politique ou nationale) ne peut pas, d’après l’avis des Alliés, être réglée entre États; cette question doit, là où elle se présente, être réglée indépendamment par chaque État avec ses peuples, par voie constitutionnelle. » Passons sur le quatrième point, qui ne fait que doubler le troisième. Le cinquième point traite des indemnités. D’après l’avis des Alliés, « chaque puissance belligérante n’aurait à indemniser que les dépenses causées par ses ressortissans se trouvant en captivité, et les dégâts causés sur son propre territoire, par des actes contraires au droit des peuples, aux ressortissans civils de l’adversaire. » Le sixième point, enfin, vise les colonies : il se résume en une ligne : « Toutes les colonies que l’Allemagne a perdues pendant cette guerre lui sont restituées de plein droit. » Et pourquoi? Pour une raison simple et péremptoire : « Le fait que, dans les colonies allemandes, les indigènes... restèrent fidèles jusqu’à la mort à leurs amis allemands est une preuve de leur dévouement; leur résolution de rester en toute circonstance aux côtés de l’Allemagne est un témoignage dont le sérieux et le poids l’emportent sur toute manifestation possible de leur volonté par un vote. » Ainsi, de l’aveu des Allemands, qui ne le font que pour leurs colonies, la fidélité démontrée vaut mieux que tous les plébiscites. C’est de quoi nous aurons à nous souvenir, et ils ne pourront pas nous objecter qu’à Brest-Litovsk ils ne parlaient qu’à la Russie, car, à travers et derrière la Russie, ils émettent la prétention de s’adresser à toute l’Entente et de nous parler à nous aussi.

Dans le préambule dont ils ont, à la manière et à l’imitation des bolcheviks, fait précéder leur factum, ils le confessent lourdement,