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navales britanniques. C’est dans l’été de 1915, d’après ces renseignemens, que le premier tank fut commandé pour être construit suivant les plans ainsi établis. Et on sait que l’apparition des tanks britanniques sur le champ de bataille de la Somme date du milieu de septembre 1916. — Les tanks français ne devaient apparaître que quelques semaines plus tard, mais cela ne veut nullement dire qu’ils eussent été conçus et commandés postérieurement à ceux de nos alliés britanniques. Cela veut dire seulement que nos alliés employèrent, dès qu’ils furent construits, leurs quelques premiers exemplaires, tandis que nous préférâmes ne sortir les nôtres que lorsque nous en eûmes prêts un nombre beaucoup plus grand et suffisant pour produire un effet de masse.

On peut à ce propos déplorer une fois de plus l’absence, sur notre front, de l’unité de commandement qui eût empêché cette dislocation d’efforts. Si cette unité eût existé, si nos alliés avaient attendu, pour mettre en lignes leurs quelques dizaines de tanks, que le très grand nombre que nous avions en construction fût prêt ; si les uns et les autres avaient été déclenchés synchroniquement, la mise en ligne, imprévue pour l’ennemi, de plusieurs centaines de ces chars d’assaut eût permis peut-être de produire un effet de surprise irrésistible et de porter à l’Allemand un coup qui eût pu percer avec certitude son front au jour et à l’heure choisis. — Au lieu de cela, l’ennemi, averti et mis en garde par le premier « lâcher » de tanks, a pu étudier des moyens de défense qui ont rendu plus difficile et neutralisé en partie la besogne de ceux qui ont agi ensuite et supprimé, pour une part, l’effet de surprise.

Tout ceci n’est point dit pour récriminer, mais au contraire en vue de l’avenir, et parce que la meilleure manière d’éviter la perpétuation des erreurs est de les signaler.

Quoi qu’il en soit, du fait que les premiers tanks britanniques se sont montrés sur les champs de bataille avant les nôtres, il ne faut point déduire que les études qu’on a faites chez nous aient été postérieures. En fait, les recherches dans ce domaine ont été poursuivies simultanément et en parfait accord chez nos alliés et chez nous-mêmes, et il n’est pas très facile à l’heure actuelle d’établir exactement les priorités, qui d’ailleurs importent peu, car ce sont les résultats seuls qui comptent, et c’est sur eux que je voudrais maintenant jeter un coup d’œil.