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témoignages concordent. Pourquoi les divisions nouvellement constituées ne donneraient-elles pas des résultats équivalens ?

Et le concours de la Grèce va se traduire par d’autres avantages, très importans, eux aussi.

Les chemins de fer et les routes, dont le roi Constantin nous avait toujours refusé l’usage, sont désormais à la disposition de l’armée d’Orient. Leur utilisation réduira considérablement la durée et les risques des transports par mer. Le chemin de fer du Pirée à Salonique par Larissa nous sera particulièrement précieux à cet égard. On va dès maintenant s’occuper activement d’améliorer cette ligne et d’en accroître le rendement.

La Grèce, bien que n’étant pas un pays industriel, possède cependant un certain nombre d’usines qui pourront être utilisées pour les besoins de notre corps expéditionnaire.

Mais pour que la Grèce soit en état de nous rendre ces services, l’aide financière et économique des Alliés lui est absolument indispensable. Le nouveau gouvernement grec compte adresser prochainement aux Alliés une demande en ce sens. Il s’agit tout d’abord d’assurer au peuple son pain de tous les jours. La question des vivres domine toutes les autres. Elle n’est pas facile à résoudre par suite de la crise du tonnage. Le peuple s’imaginait volontiers que le retour de M. Venizelos, la levée du blocus, allaient se traduire aussitôt par l’abondance des denrées. C’eût été un véritable miracle, et ce miracle ne s’est pas produit. Les Alliés, au temps de Constantin, avaient mis la main sur un certain nombre de bateaux grecs. M. Venizelos demande qu’ils soient rendus le plus tôt possible à leurs propriétaires. Cette réclamation parait des plus justifiées. Il désire en outre qu’on aide de toute manière la Grèce au point de vue des finances, du matériel des chemins de fer, des armes et des objets d’équipement pour les troupes.

La tranquillité est rétablie ; M. Venizelos est installé solidement au pouvoir ; l’unité nationale est restaurée ; nos troupes pourront prochainement regagner le front de Salonique ; la Grèce s’est déclarée notre Alliée ; elle reconstitue activement son armée pour s’acquitter sur les champs de bataille des devoirs qu’impose cette alliance. Tels sont les résultats acquis… M. Jonnart estime justement que l’objet de sa mission est rempli. Il quitte Salamine le 7 juillet et rentre à Paris le 11.