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« C’est ainsi que se vengent les grands pays comme le nôtre, en ajoutant un bienfait à tous ceux que, dans la longue suite des siècles, la France a rendus à l’humanité.

« Oui, dormez en paix, mes amis ! La Patrie française vous a pleurés, elle vous a bénis, et avec votre sang elle a écrit une nouvelle et magnifique page de l’histoire nationale. »

Une vive émotion étreint tous les cœurs. Mgr Petit récite le De Profundis. L’amiral de Guesdon remercie M. Jonnart au nom de la marine française.


Désormais, c’est vers la réorganisation morale et matérielle de l’armée que M. Venizelos tourne ses principaux efforts. Il estime en effet que le premier devoir de la Grèce, débarrassée d’un souverain qui la trahissait, est de se mettre rapidement en état de combattre, de jouer son rôle aux côtés des Alliés, sur le front de Macédoine.

Son intention est d’appeler très prochainement les classes 1016-1917. L’armée venizeliste, constituée par le gouvernement provisoire de Salonique, comporte actuellement un effectif de 60 000 mobilisés répartis en trois divisions et en élémens de dépôt. Les deux classes de recrues, qui seront convoquées vers le 10 août, donneront 45 000 hommes environ. Vers le commencement d’octobre, M. Venizelos compte mobiliser les réservistes nécessaires pour porter de quatre à dix le nombre total des divisions. Ces dix divisions correspondront à un effectif global de 150 000 à 160 000 hommes.

Enfin, trois mois après, c’est-à-dire en janvier 1918, cinq nouvelles divisions seraient formées.

L’armée grecque comprendrait alors quinze divisions représentant un effectif total de 200 000 hommes.

C’est là une aide fort appréciable. Le concours, sur le front de Macédoine, de 150 000 à 200 000 hommes de troupes fraîches, peut nous être d’un très grand secours. Qu’on ne dise pas que la qualité de ces troupes sera des plus médiocres, attendu que les Grecs, dans leur ensemble, désirent vivement ne pas se battre. Rien ne permet de porter contre eux une pareille accusation. Les divisions venizelistes qui ont été engagées sur le front de Salonique se sont conduites de la façon la plus honorable. Elles ont mérité les éloges des plus difficiles. Là-dessus, tous les