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convoquée, mais ce ne sera là qu’une solution provisoire. En temps voulu, une Assemblée constituante sera élue pour réviser la Charte constitutionnelle, pour garantir la souveraineté nationale et le caractère démocratique du régime royaliste. Nous allons suspendre l’inamovibilité des magistrats, afin de pouvoir épurer les services judiciaires. Cette épuration est nécessaire pour ramener la confiance publique dans le fonctionnement de la justice, confiance qui a été fortement ébranlée au cours des événemens de décembre dernier.

« Inutile d’expliquer à nouveau quelle sera notre politique dans la lutte mondiale d’où dépend le sort des contrées helléniques. La place de la Grèce est aux côtés des Puissances démocratiques, qui luttent contre les Empires centraux dont nos ennemis héréditaires sont les alliés.

« Malheureusement, la politique démente de l’ancien régime a singulièrement affaibli l’organisation de la nation. L’armée est presque décomposée. Il faut la reconstituer matériellement et moralement. Nous allons convoquer, pour les exercer, les classes 1916 et 1917. Nous remplirons nos dépôts de matériel et nous travaillerons à la réconciliation des deux tronçons de l’armée et à leur collaboration future. Nous nous occuperons également du ravitaillement et du développement graduel de la vie économique du pays. »

M. Venizelos, en terminant, déclare qu’il a une foi absolue dans l’avenir. Il remercie tous ceux qui n’ont jamais cessé de partager son idéal et ses espérances, et il ajoute : « Je ne désire pas qu’il y ait de représailles contre qui que ce soit. Ceux qui se sont rendus coupables des crimes accomplis en répondront devant la justice. Les autres, ceux qui se sont laissé entraîner, ne sont que de malheureuses victimes dignes de notre pardon. »

La foule très nombreuse fait à l’orateur une ovation enthousiaste.

Le nouveau ministère s’installe. Le président du Conseil, M. Politis, ministre des Affaires étrangères, et plusieurs de leurs collègues logent à l’hôtel de la Grande-Bretagne.

Un des premiers actes du gouvernement est la rupture des relations diplomatiques avec les Empires centraux. Au cours d’un entretien avec M. Jonnart, dans l’après-midi du 28 juin, M. Politis lui fait part de cette importante décision. Par