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C’est à cette époque que j’ai communiqué avec la population d’Athènes, lors du meeting qui avait été tenu devant ma maison. Ce discours constituait le dernier avertissement que j’adressai à l’ex-Roi.

« Si cet avertissement semble avoir produit une certaine impression sur le souverain, cette impression n’a été que momentanée et on a bientôt constaté qu’on ne pouvait espérer aucun changement dans la voie où il s’était engagé. Je me suis rendu compte, alors, que le temps des hésitations était passé. Il fallait être aveugle pour ne pas s’apercevoir que la Grèce s’était déshonorée en ne tenant pas ses engagemens avec la Serbie. (Cris de la foule : Vive la Serbie ! ) Il ne restait plus qu’un seul espoir, c’est que la partie encore saine de la nation se soulevât pour sauver la patrie.

« Je n’ai pas eu une minute d’hésitation. Avec le glorieux amiral Coundouriotis et le général Danglis, nous n’hésitâmes pas à quitter Athènes et à créer une Nouvelle Grèce fidèle à ses Alliés et à ses amis, qui se rangerait à leurs côtés contre les ennemis héréditaires.

« Une grande partie de la nation a répondu à notre appel. Dans l’espace de quinze jours, tout l’hellénisme de l’étranger et une grande partie du pays s’étaient déclarés pour le nouveau gouvernement. Si l’autorité du gouvernement de Salonique ne s’est pas propagée davantage dans le pays, cela est dû à l’intervention des grandes Puissances qui ont fixé une zone neutre. »

M. Venizelos rappelle que son gouvernement s’est consacré avec un plein succès à l’organisation de la défense nationale. Des légions ont surgi de la Nouvelle Grèce, prêtes à laver le déshonneur que l’absolutisme de Constantin avait jeté sur la nation. L’armée du gouvernement provisoire a rapidement atteint soixante mille hommes ; avec la mobilisation de la Thessalie et des îles Ioniennes, elle allait parvenir au chiffre de cent mille hommes.

« Les Puissances protectrices, ajoute-t-il, nous ont donné tout leur concours. Garantes du régime constitutionnel, elles se sont décidées à exiger le rétablissement de l’union nationale et de la vérité constitutionnelle qui se trouvait abolie depuis que l’ex-Roi avait formulé la prétention monstrueuse de n’être responsable que devant Dieu, sans tenir compte de la volonté du peuple. La Chambre élue le 31 mai 1915 sera prochainement