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rendre à cet égard durant ces journées si critiques garantissent la sincérité de ses intentions.

M. Jonnart en effet, — il est juste de le reconnaître, — n’a eu qu’à se louer de ses bons offices. Il a trouvé auprès de lui un concours très précieux. Si tout s’est passé sans incident, si nos troupes n’ont pas eu à intervenir, c’est en partie à son utile entremise qu’on le doit.

L’idée dominante dont s’inspire la politique de M. Jonnart est celle-ci : Constantin parti, il fallait tout d’abord assainir, nettoyer Athènes, débarrasser la capitale d’un certain nombre de personnes qui, sous l’influence allemande, avaient entraîné la couronne et le pays hors des voies de l’Entente. Cela est fait. Pour préparer le retour de M. Venizelos, il est indispensable de fixer les bases de la réconciliation nationale, les conditions dans lesquelles l’unité de la Grèce serait rétablie.

Le Haut-Commissaire entendait être un conseiller, un arbitre au besoin, mais il ne voulait pas improviser lui-même les solutions et se substituer ainsi aux chefs reconnus du peuple hellénique. C’était à eux à prendre les initiatives et les responsabilités. Il déclara donc à M. Zaïmis et à M. Venizelos : que les Puissances garantes voulaient une Grèce unie, mais libre et indépendante ; qu’elles respectaient trop la volonté nationale pour imposer et préciser elles-mêmes les principes directeurs qui devaient présider au rapprochement des deux pouvoirs, celui du gouvernement royal et celui du gouvernement provisoire, à la fusion des deux Grèces si malheureusement séparées. Les chefs des deux gouvernemens, MM. Zaïmis et Venizelos, devaient entrer en relations et, dans des conversations directes ou par des délégués les représentant, régler toutes les questions relatives à la réunion des deux gouvernemens, des deux administrations, des deux armées.

M. Venizelos et M. Zaïmis acceptent avec empressement les suggestions de M. Jonnart. Ils désignent chacun deux commissaires qui vont se mettre en rapport et entamer les négociations. M. Jonnart fait plus. Pour diriger ces négociations, le mieux serait que M. Venizelos vînt lui-même à Salamine, à bord d’un de nos cuirassés où il recevrait l’hospitalité du gouvernement français. Les pourparlers en seraient considérablement facilités. Il adresse à M. Venizelos une invitation à cet effet : celui-ci l’accepte, annonce son arrivée pour le 21 juin, au matin.