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problème présent et futur de la Palestine : l’Entente a repris aux Turcs la Ville Sainte, et les Empires du Centre se proposent de la leur rendre.

Ils ne se montrent pas dégoûtés. À peine leurs plus grands chefs, le maréchal-prince Léopold de Bavière et ses adjoints, ont-ils signé avec les étranges plénipotentiaires de Lénine et de Trotsky un armistice de vingt-huit jours, que leurs premiers hommes d’État, M. de Kuhlmann, le comte Czernin, et l’on dit même le prince de Bülow en personne, se précipitent pour changer au plus tôt la convention d’armistice en traité de paix. Du 17 décembre 1917 à midi au 14 janvier 1918 à midi, les hostilités sont suspendues sur tout le front oriental entre les armées de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie, de la Bulgarie, de la Turquie, d’une part, et de la Russie, d’autre part. S’il n’est pas dénoncé le vingt et unième jour, l’armistice se renouvellera automatiquement jusqu’à dénonciation par l’une des parties sept jours avant la date où il expirerait. Mais on soupçonne bien que nous ne nous amuserons pas à analyser dans ses détails cet instrument fallacieux, quoiqu’il y en ait quelques-uns qui soient dignes d’être relevés. On nous avait dit que Trotsky, en proie à de tardifs scrupules, avait posé pour condition que, tandis que les armées russes se croiseraient les bras, il ne serait procédé par les Puissances centrales à aucun transfert de troupes d’Orient en Occident, et de bonnes âmes, chez nous, s’étaient prises à lui en faire presque un mérite. Rien de pareil dans le texte, rien que ceci (article 2) : « Les contractans s’engagent, pendant la durée de l’armistice, à ne pas renforcer le nombre des troupes sur ces fronts et dans les Iles du Moon-Sund, à ne pas en augmenter les effectifs, à ne pas procéder à des déplacemens de troupes sur ces fronts pour préparer une offensive. » Aucun déplacement de troupes non plus sur le front de la Mer-Noire et de la Baltique, à moins qu’il n’y en ait eu en cours au moment de la signature ; aucun débarquement dans certains ports de la Baltique et dans les ports de la Mer-Noire ; mais la Mer-Noire, la Baltique, les fronts entre la Mer-Noire et la Baltique, c’est tout : Lénine et Trotsky n’ont pensé qu’à eux, et il n’y a pas à s’en étonner ; nous ne les avions pas chargés de penser à nous. Signalons, en passant, que, s’il est stipulé que l’armistice s’étend aux théâtres de la guerre russo-turque en Asie, les transports et déplacemens de troupes sur ces théâtres mêmes ne sont pas explicitement interdits.

L’article 4 est inaccoutumé et probablement tout nouveau dans les conventions de ce genre. Il fixe les conditions dans lesquelles, « afin de développer et d’affermir les relations entre les peuples