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Pacha[1]. — Le troisième groupe osmanli est disséminé à travers l’Arabie et la progression anglaise va l’isoler[2]. — L’armée des côtes protège la Turquie d’Europe et l’Asie-Mineure contre un débarquement éventuel : ce sont là 9 divisions en partie disponibles pour un autre théâtre. Enfin, la plus considérable armée turque, à l’heure actuelle, la IVe, est en Syrie[3]avec Kress von Kressenstein qui la commande de Naplouse. Elle comprend, d’ores et déjà, 10 divisions d’infanterie et 1 de cavalerie, tandis que se trouvent à proximité des forces importantes[4]dont plusieurs unités allemandes. De leurs armes va dépendre le sort de la Syrie. L’ensemble des cinq fronts ottomans, que dirige d’Alep le maréchal von Falkenhayn qui, après avoir conquis la Roumanie et lorsque Bagdad tomba, vint en assumer la charge, est désormais bousculé. C’est l’essentiel. On le voit, l’armée de Palestine est avec ses réserves immédiates la plus forte dont dispose la Turquie et, cependant, elle se trouve en triste situation. Par mort, blessures, capture et désertions elle a perdu les trois quarts de ses effectifs, déficit que ne peut combler le rendement médiocre des voies de communication : il devient douteux que Falkenhayn puisse la ressaisir avant longtemps. La Palestine devenue pour Constantinople le front principal, voilà les projets turcs radicalement bouleversés. Au printemps, en effet, Falkenhayn préparait contre Bagdad une attaque puissante. Des effectifs prussiens, désignés sous le nom de Divisions du Tigre, devaient former le noyau d’une VIIe armée qui serait concentrée sur l’Euphrate, à Zor, sous les ordres directs de Mustapha Kiamil Pacha. La destruction de ce plan est un des principaux résultats obtenus par le général Allenby, et la conquête de Jérusalem confirme celle de Bagdad.


CHARLES STIENON.

  1. En tout, 30 000 fusils et 2 100 sabres avec 110 canons et 268 mitrailleuses.
  2. 39e et 40e divisions devant Aden ; 58e au Hedjaz ; 21e dans l’Assir.
  3. Elle comprend : a) sur la côte, les 3e et 7e divisions ; b) en Judée, les 24e, 54e, 26e, 53e et 7e divisions, et la 3e de cavalerie ; c) les 16e, 19e et 20e divisions, encore en réserve, au mois de décembre 1917, ont dû ces jours derniers être jetées au feu.
  4. Sur le chemin de fer Saint-Jean d’Acre-Damas : les 43e (venue de Cilicie) et 48e divisions ; à Homs, des troupes allemandes ; à Alep, la 59e division.