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la réunira au Canal de Suez. Puis, un second bond jettera les Anglais à Bir-el-Mazar-, et là une nouvelle pause suivra jusqu’à ce que le rail ait suffisamment progressé. Enfin, une troisième étape mènera les troupes devant El Arich, où elles devront livrer bataille.

Avec un mélange d’audace et de méthode, Kress von Kressenstein s’efforce de détruire les travaux des Anglais, ce qui retarderait de plusieurs mois sa retraite désormais inévitable. Avec une précision toute germanique, il organise une colonne modèle[1], où rien n’est laissé au hasard. — Les Anglais qui tiennent Katia sont assaillis, le 3 août à minuit, par l’infanterie ottomane qui, en quelques heures, enlève à la baïonnette es positions principales. Après un moment critique, un retour des Lancashire et l’arrivée de la cavalerie transforment l’échec initial en victoire. Les Turcs subissent des pertes énormes : sur 20 000 hommes, 1 250 morts et 4 000 prisonniers. On peut évaluer le total à 9 000 hommes, soit environ 50 pour 100 des effectifs. Un matériel abondant restait aux mains de Sir Archibald Murray[2]qui, le 11 août, atteignait Bir-el-Mazar, terme de sa deuxième étape.

Il faut quatre mois pour mener à bonne fin les préparatifs de l’attaque décisive, et, au début de décembre, tout est prêt. Trois divisions[3]ont achevé leur concentration et plusieurs corps spéciaux les appuient avec plus de 100 canons. C’est dans ces conditions que Murray ordonne la marche sur El Arich, le 20. Tandis qu’en avant les avions font le service des renseignemens, les méharistes avancent au trot allongé de leurs chameaux de combat ; les Anzacs suivent montés sur leurs incomparables chevaux des Nouvelles-Galles du Sud, ces Waters qu’a célébrés Kipling. C’est un ébranlement général ; et Kress von Kressenstein n’a d’autre ressource que la retraite.

  1. Le noyau de ce corps est formé par la 3e division turque qu’appuie de la cavalerie arabe, de l’artillerie légère et des canons de campagne Krupp. Un corps spécial de mitrailleuses, — 8 compagnies à 4 pièces, — est uniquement servi par des Allemands, ainsi que plusieurs batteries lourdes (105 et 150). Les pièces anti-aériennes sont maniées par des pointeurs autrichiens. La T. S. F. de campagne et un hôpital mobile complètent cette colonne, forte de 20 000 hommes.
  2. Ses forces comprennent, alors : la 42e division d’infanterie (trois brigades d’East Lancashire, général Sir William Douglas ; les 52e et 54e divisions d’infanterie (major-général Smith), des territoriaux écossais plus un corps de cavalerie sous les ordres du général Chauvel (Anzuc Mounted Division, et brigade de Yeomanry).
  3. 42e, 52e et Anzacs.