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LE NOUVEAU JAPON

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II[1]

À TRAVERS LE THÉÂTRE ET LE ROMAN

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I. — PLAISIRS NOUVEAUX ET ANCIENS

Dans un ouvrage publié en anglais sous la direction du comte Okuma et intitulé Cinquante ans du Nouveau Japon, M. Fujioka, à la fin d’un chapitre sur les changemens de la Société, conclut ainsi : « Chez nous le temps et l’espace sont mêlés. Nous assistons à des renaissances d’anciennes coutumes et à des épanouissemens de civilisation européenne. Le chaos est un prélude à l’assimilation. » Il ne faut pas s’exagérer le chaos. Pour moi, chaque fois que je me suis reporté à ce que j’avais vu il y a quinze ans, j’ai été plus sensible à l’assimilation. Le Japon n’a rien perdu de cette force attractive qui lui a permis, au VIe et au VIIe siècle, d’emprunter presque toute sa civilisation à la Chine et à la Corée et d’en faire en assez peu de temps une œuvre originale. Mais il n’est plus aujourd’hui dans l’état d’innocence et d’indigence où vraisemblablement il se trouvait alors. L’assimilation doit lui être plus pénible. J’ai essayé de m’en rendre compte à travers les plaisirs populaires, les théâtres, les romans, la poésie, et chez les poètes.

Commençons par une visite au quartier d’Asakusa. Je l’aimais, ce vieux quartier où s’élève un des temples les plus fréquentés de Tokyo et où se tient une foire perpétuelle. J’avais

  1. Voyez la Revue du 1er  décembre 1917.