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Street, à Sir Hew Dalrymple : « C’est avec plaisir que je vous donne l’assurance de l’approbation qu’ont obtenue de S. M. les mesures que vous avez prises dans cette circonstance importante et délicate, l’arrivée du prince Léopold et du Duc d’Orléans à Gibraltar. »

Le prince Léopold finit par rentrer en Sicile. Il prit dans la suite le titre de prince de Salerne ; et, s’il était vrai que Louis-Philippe eût voulu lui ravir la couronne d’Espagne, il n’en aurait pas gardé rancune ; car il donna sa fille en mariage au Duc d’Aumale.

Pour le duc d’Orléans, une année encore se passa en voyages. Voyages en Angleterre, pour obtenir une explication du Gouvernement royal, après cette singulière aventure. A Portsmouth, il eut la joie de trouver sa sœur Adélaïde accompagnée de deux fidèles amis : Mme de Montjoie et le chevalier de Bréval. Lentement, faisant tout le tour de la France et de l’Espagne, il la ramène à Palerme. Il repart, ayant enfin obtenu la permission d’entrer en Espagne pour aller chercher à Figueres Mme la Duchesse d’Orléans. A Mahon, il apprend que cette Princesse est déjà partie pour la Sicile, où il s’empresse de la rejoindre. Et enfin, en novembre 1809, devant les survivans de la famille réunis, a lieu le mariage de Louis-Philippe et de Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, dans l’antique chapelle normande du Palazzo Reale de Palerme.

L’affaire espagnole cependant n’était pas terminée. Peu de mois après son mariage, le Duc d’Orléans voit arriver dans sa maison de Bagarita un membre des Cortès : Don Mariano Carnereiro ne vient pas lui offrir une couronne, mais lui demander, pour l’indépendance, le concours de son épée. Vexé d’avoir été expulsé, et pensant n’avoir plus à souffrir de la mauvaise humeur des Anglais, puisqu’il n’accompagne plus un candidat à la couronne, il accepte, et s’embarque sur le navire de don Mariano, la Venganza, le 21 mai 1810. A Tarragone, le peuple lui fait une ovation ; mais il ne veut rien entreprendre sans l’aveu régulièrement donné du Gouvernement, et se rend à Cadix, le 20 juin. Point de réponse pendant un mois. Il se présente au Conseil de régence et se plaint du procédé. Le 2 août, on lui fait entendre qu’on voudrait assurément l’employer ; mais que l’ambassadeur anglais Wellesley s’y oppose nettement. Il va, en septembre, à Léon où sont réunis les Cortès. Deux membres