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immédiatement sous le microscope le bacille d’Éberth du coli.

Or on a découvert ces dernières années des formes de fièvres tout à fait parentes par leurs symptômes à la fièvre typhoïde, quoique beaucoup moins graves. Le séro-diagnostic notamment a démontré qu’elles sont en général de deux sortes et causées par deux microbes assez voisins à la fois du bacille typhique d’Éberth et du coli, mais nettement différenciés (notamment par leur vitesse d’agglutination). On les a appelés les bacilles paratyphiques A et B, et ils produisent respectivement les paratyphoïdes A et B. — Ces bacilles sont généralement associés au bacille d’Éberth, mais, comme les vaccins faits avec celui-ci n’immunisent pas contre eux, il s’en est suivi que, tout en amenant une diminution de la typhoïde aux armées, les premières vaccinations faites en 1914 ont laissé subsister et s’étendre de nombreux cas de paratyphoïdes. Tandis donc que les non-vaccinés contre le bacille d’Éberth voyaient s’étendre parmi eux la typhoïde, les vaccinés attrapaient des paratyphoïdes. Les statistiques et les courbes publiées à cet égard sont fort curieuses. Il n’en restait pas moins, les paratyphoïdes étant relativement bénignes, que la vaccination éberthienne avait eu au total pour effet de réduire la mortalité et la morbidité aux armées par l’ensemble des infections typhiques.

On ne pouvait en rester là, et il devenait nécessaire de parer à la fréquence de ces paratyphoïdes, considérées avant la guerre comme exceptionnelles, fréquence qui, suivant l’expression de Widal, et Courmont, s’était révélée « le fait épidémique saillant de la guerre actuelle. » — C’est alors que suivant la suggestion de Widal on décida de faire des vaccins contenant simultanément des cultures atténuées à la fois du bacille typhique et des bacilles paratyphiques A et B. D’où le nom des vaccins TAB donnés à ces produits mixtes. Ces vaccins triples ont donné d’excellens résultats immunigènes et sont depuis de longs mois à peu près exclusivement employés aux armées.


Tel était, avant les travaux du docteur Le Moignic et de ses collaborateurs successifs MM. Pinoy puis Sézary, l’état de la question des vaccinations antityphiques. Le tableau que nous en avons trace pourrait paraître sans défaut, et un coup d’œil superficiel permettrait à tort d’en conclure que tout était donc pour le mieux dans la meilleure des thérapeutiques possibles. C’est que je n’ai pas montré jusqu’ici les ombres du tableau.

Il n’est point, dans la science, d’édifice, si beau soit-il, qui ne