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j’en suis sûr, de leur court séjour sur le sol glorieux de l’Attique, un souvenir attendri et reconnaissant. »

Le débarquement commence aussitôt : il s’opère dans les conditions les meilleures.

Vers midi, le lieutenant-colonel Antoniadis, de l’état-major hellénique, accompagné d’un officier du contrôle allié, s’était rendu au Pirée pour préparer les cantonnemens. Vers deux heures, une brigade française (40e et 58e régimens d’infanterie) débarque près du pavillon royal sur le quai de Miaoulis. La garde grecque, qui se trouvait au Pirée, rentre aussitôt à Athènes. L’orphelinat et le théâtre municipal sont occupés par nos troupes, ainsi que l’Hôtel de Ville, où s’installent les états-majors. Une compagnie prend son cantonnement à la place Thémistocle. Le débarquement des autres unités continue : le 4° régiment russe, un groupe d’artillerie français. Ces troupes s’établissent en arc de cercle autour de la ville. Quinze cents hommes environ s’avancent jusqu’aux prisons de Syngros et aux casernes de Rouf sur la route d’Athènes. Une seconde colonne, forte de huit cents hommes environ, prend le boulevard Syngros et s’arrête à l’église du Sauveur.

Nos soldats reçoivent partout le meilleur accueil. Partout la foule se presse pour les voir défiler. « Ces hommes à l’aspect énergique, au visage bronzé, ont tous une superbe allure, écrit un journal d’Athènes. Certains d’entre eux portent accrochés à leurs sacs des casques à pointe allemands, glorieusement conquis dans les batailles. Nul doute que le camp français du Pirée ne devienne rapidement la promenade favorite des Athéniens ! »

Cette épineuse question, qui préoccupait beaucoup M. Jonnart, se trouve donc réglée. Il s’agit maintenant d’assurer dans le plus bref délai le départ de Constantin.

C’est le 11, vers cinq heures après-midi, que la nouvelle de l’abdication du Roi commence à se répandre dans la capitale. Beaucoup de boutiques ferment aussitôt ; des rassemblemens se forment ; à tous les carrefours, la nouvelle est commentée, discutée ; une foule nombreuse se rassemble devant le palais royal. Dans la soirée, pendant la nuit, plusieurs délégations sont reçues par Constantin au palais royal. Une réunion se tient au Cercle militaire et ne prend fin que vers deux heures du matin. Les esprits y sont très échauffés, affirment les journaux