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présidée par M. Clemenceau un long rapport sur notre politique en Orient. La conclusion en est d’une importance qu’il est à peine besoin de souligner : « L’unité de politique, y est-il dit, nous paraît commander l’unité d’action. C’est le moment d’envisager la nomination à Athènes d’un mandataire unique des Puissances protectrices, ramassant entre ses mains les rênes éparses du char de l’Entente, capable d’assurer aux résolutions des Alliés l’esprit de suite, la fermeté et la dignité. » Le mot est prononcée ; c’est de la que tout allait sortir : mission de M. Jonnart, déposition de Constantin, restauration de l’unité hellénique, retour de la Grèce dans les voies de l’Entente.

Jusqu’alors en effet, — et de la provenait tout le mal, — les Alliés n’avaient jamais, à vrai dire, regardé en face le problème grec. Ils avaient négligé de se mettre d’accord sur un certain nombre de principes, très faciles à poser cependant. Leurs représentai à Athènes, laissés sans instructions nettes, sans directions précises, agissaient chacun de son côté. Constantin, au courant de tout ce qui se passait, poursuivait adroitement sa politique germanophile au travers des fluctuations et des tâtonnemens qu’il constatait chez les ministres de l’Entente.

A plusieurs reprises déjà, en avril 1916, en septembre de la même année, il avait été question d’envoyer en Grèce M. Jonnart : n’était-ce pas lui qui avait représenté la France, en qualité d’ambassadeur extraordinaire, aux obsèques du roi Georges, en 1913 ? Chaque fois, après un examen attentif et minutieux de la question, et en possession de tous les documens diplomatiques, il avait fait la même réponse : sa présence à Athènes ne servirait de rien, tant que deux conditions essentielles n’auraient pas été préalablement remplies :

1° Accord des Puissances sur la politique à suivre,

2° Désignation d’un mandataire unique qui aurait seul qualité pour traiter avec Constantin.

C’est-à-dire : unité dans le plan, unité dans l’exécution.

La commission extérieure du Sénat approuve à l’unanimité le rapport de M. Jonnart. L’idée d’un mandataire unique recrute peu à peu des adhérens. M. Malcolm, sous-secrétaire d’État au Foreign Office, adjoint de M. Balfour, vient à Paris en février 1917. Il s’entretient avec M. Jonnart des affaires de Grèce. « Nous serions très heureux, lui dit-il, de vous savoir là-bas. » Revenu à Londres, il en confère avec M. Balfour qui témoigne des mêmes