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front occidental, l’extension des pouvoirs de ce conseil aux autres fronts étant réservée à une discussion ultérieure avec les autres grandes Puissances. La mission du Suprême Conseil de guerre est de surveiller la conduite générale de la guerre. Il arrête les propositions qui doivent être soumises à la décision des gouvernemens, veille à leur exécution et en informe les gouvernemens respectifs. Les plans généraux de guerre élaborés par les autorités militaires compétentes sont soumis au Suprême Conseil de guerre qui, sous la haute direction des Gouvernemens, assure leur concordance et propose les modifications quand cela est nécessaire. Chaque Puissance délègue au Suprême Conseil de guerre un représentant militaire permanent, dont la fonction exclusive sera celle de conseiller technique près du Conseil. Les représentans militaires reçoivent de leurs gouvernemens toutes les propositions, informations et documens relatifs à la conduite de la guerre. Ils surveillent jour par jour la situation des forces et des moyens de toute sorte dont disposent les armées alliées et les armées ennemies. Le Suprême Conseil de guerre se réunit normalement à Versailles ; ses conférences auront lieu au moins une fois par mois.

Il y aurait bien des réflexions à faire sur les détails de cet accord. D’abord, sur la date où il a été conclu et la manière dont il le fut. A cet égard, il porte la marque des partis que se résignent à prendre « les États mal résolus, qui ne les prennent que par force, et non par prudence. » Trop tard, et ce ne serait rien, car mieux vaut tard que jamais : mieux vaut encore se résoudre par force que ne pas se résoudre du tout. Si le véritable auteur de la convention de Rapallo est bien plus le général Otto von Below, commandant la XIVe armée allemande, dans l’occurrence prête-nom de la nécessité, que M. Lloyd George, M. Painlevé ou M. Orlando eux-mêmes, il n’importe, et voilà le Conseil de guerre créé. Mais n’est-ce pas trop peu ? L’accord le qualifie de « Suprême Conseil; » non seulement supérieur, mais suprême. Suprême, c’est-à-dire souverain, et souverain, c’est-à-dire, d’après la moins imparfaite des définitions de l’école: « qui n’a pas de supérieur humain. » Or ce Conseil suprême a un supérieur, plusieurs supérieurs, trois au moins, trois pour le moment, et trois à un certain nombre de têtes; les gouvernemens des grandes Puissances qui combattent sur le front occidental; bientôt quatre, par l’arrivée de l’armée américaine; il pourra en avoir davantage, si l’on étend ses pouvoirs aux autres fronts.

Il proposera, les gouvernemens décideront. Comment ? Chaque