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gisement de lignes de mines extérieures, à l’égard d’un adversaire actif, entreprenant, habile, qui dispose de quantité de petits bâtimens rapides et d’un bon nombre de sous-marins, sans parler des appareils aériens. Et comme nous savons fort bien que les marins alliés sont actifs, entreprenans et habiles, autant que courageux et dévoués corps et âme à leur tâche, nous devons conclure que l’on est parfaitement renseigné, là où il faut qu’on le soit, sur les grands « champs de mines » d’Helgoland et sur leurs portières ; à moins que ces « champs de mines » soient du domaine de la légende, réserve faite, bien entendu, des engins de la défense spéciale de l’îlot et de celle du mouillage des vaisseaux qui s’étend à l’Est du Sand insel[1].


Arrivons aux points essentiels du camp retranché maritime de la Mer du Nord : Borkum et Sylt, à l’aile gauche et à l’aile droite, Cüxhaven en arrière du centre du front de bandière.

Si la défense d’une île de faible étendue est toujours précaire, c’est d’abord qu’il est aisé de la couvrir de feux convergens, et ceci justifie le terme de « nid à bombes » employé par Napoléon, comme je l’ai déjà rappelé, pour caractériser à la fois le point faible de cette défense et la meilleure méthode d’attaque à employer. Encore le grand homme de guerre ne connaissait-il pas les appareils aériens, qui donneront aux bombardemens maritimes une puissance, une justesse incomparables.

Il est évident, d’autre part, que les feux des engins flottans sur le but en question seront d’autant plus efficaces que ce but présentera moins d’altitude, moins d’accidens de terrain, moins de « couverts. » A ces divers titres, on peut affirmer que l’attaque de Borkum aurait, pour qui la conduirait avec méthode, les plus grandes chances de succès.

L’île n’a, en effet, que 9 kilomètres de long sur 5 kilomètres de large. Le centre en reste à 11 kilomètres seulement de la ligne des fonds de 10 mètres la plus éloignée, celle qui court le long du littoral de la Frise orientale. Enfin, une circonstance précieuse favorise la convergence des feux : c’est que les bâtimens qui seraient chargés de l’attaque d’artillerie parle sud-ouest, dans l’Ems occidental, n’auraient à répondre qu’aux

  1. C’est à ce mouillage, dont les limites ne sont d’ailleurs pas définies exactement, que se tenait le plus souvent notre escadre de frégates cuirassées, dans l’hiver de 1870-71 Mais Helgoland appartenait alors à l’Angleterre !…