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utiles partout, enfin les sous-marins d’un type approprié à ces opérations spéciales.

On n’a rien fait de tout cela et, qui pis est, on n’a rien voulu faire parce qu’on s’est attaché avec entêtement à une fausse conception de la guerre, à des procédés d’usure économique de l’ennemi dont le moins qui se puisse dire est qu’on en attend encore le succès et, donc, que du fait de leur exclusive mise en œuvre, la durée du conflit a été fort augmentée. Mais n’insistons pas, et revenons à l’objet de cette étude.

Je puis donc aujourd’hui, à la suite de certaines publications qui se sont produites récemment, défendre mes propositions sur les points précis où on les attaque. Je puis, non pas tout dire, — moins heureux que ceux à qui de simples négations suffisent, je n’aurais pas licence de verser au débat toutes mes preuves, — mais enfin dire l’essentiel sur ces questions de fait où il importe tant qu’une opinion avertie connaisse la vérité.

Or la vérité, c’est que la côte allemande, parfaitement unie, et d’abord facile dans la Baltique, — personne ne le conteste plus — est fort accessible dans quelques-unes de ses parties les plus intéressantes, du côté de la Mer du Nord. Je dis fort accessible, et ici il faut s’entendre sur les termes, de même qu’il faut distinguer en ce qui touche les points que pourrait viser une offensive maritime. Il est clair qu’une côte basse est moins « accessible » à d’énormes unités calant entre 8 et 9 mètres qu’aux bâtimens spécialisés de la flotte de siège dont le tirant d’eau varie entre 2 et 5 mètres.

Mais il est, encore une fois, bien entendu que les dreadnoughts ne seraient pas à leur place dans les opérations d’attaque rapprochée de ce littoral. Du moins ces grands cuirassés ne devraient-ils entrer en jeu qu’après avoir, comme armée de couverture de l’armée assiégeante, définitivement battu et mis hors de cause l’armée de secours, autrement dit la « Hoch see flotte, » qui serait allée les chercher au large, à 80 ou 100 milles, par exemple.

Et, d’autre part, il n’est pas moins évident qu’il faut distinguer et exercer un choix judicieux sur les points où l’on verrait avantage à faire agir la force navale. Il semble que