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La sainte solitude en haut de la montagne,
Peut recréer le rêve et charmer la douleur ;
Pourquoi donc revenir ? Et qui donc t’accompagne
Dans ce sentier paré de différentes fleurs ?

Quel est l’esprit obscur qui déjà te ramène
Et malgré toi conduit tes pas sur ce chemin ?
… « L’attrait mystérieux de la tendresse humaine
« Qui me parle dans l’ombre et qui me prend la main… »



OFFRANDE À LA VIERGE DE LA MONTAGNE


Marie aux pieds d’argent, qui régnez sur les neiges.
Voulez-vous ce bouquet, ô Vous que nous aimons ?
Nous vous l’avons cueilli sur la pente des monts,
Et dans les champs du soir que la rosée allège.

Voici, des hauts rochers, les œillets odorans ;
La petite pensée avec la scabieuse
Et, coupes que vers vous lèvent nos mains pieuses,
Les anémones d’eau qui bordent les torrents ;

La grande campanule et ses cloches opaques
Blanche ou mauve, ou bien bleue ainsi qu’un jour d’été,
Et la mince clochette où l’azur est resté
Parce qu’elle avait trop carillonné les Pâques ;

La bonne menthe ; et la houppe que les bergers
S’amusent à souffler dans l’air ; la gentiane,
La carline lunaire et dont rêvent les ânes
Et la grêle amourette et ses grelots légers ;

Et la nielle rustique et l’aconit étrange
Et la rose de l’Alpe et l’or de l’arnica ;
Le myosotis bleu que l’amour invoqua
Et le fruit vaporeux des pissenlits orange ;